Août…
… où, comme chaque année, s’est reparti pour un tour à l’issue des féries judiciaires. Hasard du calendrier, cette année le 15 août est un vendredi, comme il s’agit d’un jour férié en bonne terre catholique, voilà donc nos quelques délais éventuellement égarés sur le 16 ou le 17 août, reportés jusqu’au lundi par la magie du code de procédure. Restons Zen…
Le 16…
… où l’on reprend donc ce Journal le 16 août, car il s’agit à chaque fois d’un jour particulier pour chaque avocat qui pratique la procédure (civile, pénale, voire administrative pour les plus courageux).
Le 16 août, donc, c’est ce jour funeste où tous les délais RE-commencent à courir, pour autant qu’ils aient été suspendus depuis le 15 juillet, mais c’est le cas pour la plupart d’entre eux. D’où l’autre expression couramment répandue pour cet oeil du cyclone : les vacances judiciaires ! Mais voilà, c’est fini et ce retour à la normale représente toujours une certaine angoisse, car le sablier s’égrène à nouveau inexorablement jusqu’aux prochaines féries… Noël. Forcément, au mois d’août, on ne se rend pas très bien compte.
Le 16 août, c’est aussi ce jour où l’on recommence à regarder son agenda avec une certaine appréhension. Les années ont beau passer, mais c’est quand même toujours un peu la même histoire qui recommence inexorablement.
Il y a tout d’abord les décisions reçues entre le 15 juillet et le 15 août. Pendant les féries judiciaires, aucun délai ne court pour elles. Le premier jour où le chrono s’enclenche, c’est le 16 août pour toute la cohorte. C’est bien là le hic !. Qu’une décision vous soit parvenue le 17 juillet, une autre le 23 ou une autre encore le 9 août, peu importe. Tous les délais liés à ces décisions reçues pendant les féries recommencent à courir en même temps, le 16 août donc, et comme ces fameux délais de recours sont usuellement de 10 ou de 30 jours, vous vous retrouvez avec un cortège de recours potentiels sur le 25 août ou le 15 septembre.
Sinon, tous les délais de recours qui ont commencé à courir « normalement » avant le 15 juillet, mais qui n’étaient pas encore échus, se sont donc suspendus automatiquement du 15 au 15, recommence à s’ébrouer le 16 puis viennent s’échouer ça et là partir du 18 août, en fonction de leur régime respectif.
Oui le 18, et pas le 16, pour ceux qui suivent. Puisque le 16 est un samedi, il n’y a pas trop lieu de s’inquiéter durant le week-end, les délais qui viennent à échéance un samedi, un dimanche, ou un jour férié, sont reportés au premier jour « utile » (comprenez ouvrable). Il faut donc être vigilant.
Eh donc, c’est ainsi que l’on se retrouve avec pas mal de monde sur les quais d’Outlook entre le 15 août et le 15 septembre.
Et je ne vous parle pas des affaires de poursuite, ou suspension des délais, il y a, mais cela fonctionne un petit peu différemment, et il faut se méfier avec des délais de 3 jours, qui viennent encore perturber cette magnifique sérénité que vous avez patiemment cultivée durant les vacances.
Voilà…
Chaque métier a ses petites spécialités qui perturbent passablement ses acteurs, mais qui laissent le commun des mortels indifférents. Mais vous qui avez lu ce billet, vous saurez maintenant pourquoi votre avocat a l’air un brin angoissé à partir du 16 août. Ce n’est pas forcément votre dossier qui l’inquiète, mais ce sont tous les autres qui arrivent en cascade dans le pipeline.
Le 20…
… où la bonne éducation se perd, on ne le dira jamais trop.
Mais bon, parfois… Comment dire ? Avoir affaire à un butor peut résoudre une angoisse existentielle de l’avocat débutant. Débutante, devrais-je dire, puisqu’il s’agit en l’occurrence de notre nouvelle Padawan.
Nous l’avons tous vécu, c’est d’ailleurs même une forme de bizutage indirect. Lorsqu’on entre dans une salle d’audience, presque invariablement tous les avocats se posent la même question : Je m’assieds de quel côté ?
Procédure civile, on s’assied à droite en fonction de qui a lancé la procédure, même si par la suite de nouvelles requêtes ont été déposées de part et d’autre. Donc, après des semaines, voire des mois ou des années de procédure, parfois on ne sait plus très bien où se mettre…
En pénal, c’est plus simple, le prévenu toujours à gauche face au tribunal, [Remarque polémique au passage, c’est quand même fou ce que la gauche a mauvaise presse 😉 !?!] et le procureur et la partie civile à droite, du côté des bons donc.
Et donc là, nous sommes dans une affaire civile. De surcroît, la procédure a été assez compliquée, car les écritures se sont multipliées de part et d’autre. Bref, c’est à ne plus savoir qui est vraiment la partie demanderesse ou défenderesse.
C’est là que je reçois un bref message texte me demandant de quel côté poser son barda. Comme, il faut bien l’avouer, votre serviteur est au même stade d’incertitude avec tous les épisodes de cette longue procédure, aucune idée. Mais, comme réponse, on peut faire mieux, donc je texte: Laisse le Confrère entrer d’abord, et tu verras bien où il s’assied.
Et cette réponse (je rigole encore maintenant) : Ça marche. Mais s’il fait preuve de galanterie, je suis foutue.
