Septembre…

… où les brumes matinales qui habillent le paysage depuis la terrasse de #FaireMansion ne laissent planer aucun doute. L’automne pointe le bout le son écharpe. Face à ce tableau mélancolique, comme chaque année, on ressort Lou Reed des limbes des playlists oubliés, avec son September Song.

Le 2…

… où il s’agit de faire comprendre à un client du fond de la botte que non, il ne peut pas appeler le Juge pour lui faire part de son mécontentement sur la manière dont il demande à un témoin de lui fournir les pièces.

8h30 : téléphone incendiaire à notre standard. Message sur mon portable « Le client est très très énervé… »

9h15 : mail confirmant les nerfs à vifs

16h15 : conférence téléphonique avec le client qui se conclut avec le sourire.

Moralité : Dies irae certes, mais tempus fugit au final…

Le 3…

… où le Chef la mobilité de notre bonne ville marche ostensiblement au milieu de la route où la FaireMobile s’est engagée. Il s’agit d’une d’un de ses merveilleux tronçons à 20km/h où le piéton est roi.

Dans cette rue, si un piéton est au milieu de la route, la voiture ne passe pas. Bon gré mal gré, il cède le passage, mais reconnaissant votre serviteur au volant, engage la conversation par la fenêtre ouverte.

Comme je lui fais remarquer qu’il est bien téméraire de braver ainsi les véhicules, il s’engage dans un discours pour m’expliquer que je n’ai rien compris et que le piéton est roi dans ce secteur.

Certes, répondis-je, mais à quoi sert d’avoir raison si on est encastré sous un moteur ? Les avocats peuvent rétablir le droit, pas les vies…

Le 4…

… où l’on apprend que la Commission judiciaire du Parlement ne soutient pas la réélection du Procureur Fédéral en chef Michael Lauber.

Pfff, c’est la moindre des choses. Chez la plupart de nos voisins, un pataquès comme celui de la FIFA aurait entrainé une obligation immédiate de démissionner. On ne discuterait même pas d’une possible réélection.

Mais, ce qui est vraiment merveilleux dans cette histoire, c’est l’aplomb du sieur Lauber. On le surprend en flagrant délit de mensonge (Infantino ? Euh qui ça ?) et, pour lui, pas de problème : Je suis l’homme de la situation et je ne comprends pas vos reproches ! Aucun mea culpa, rien…

La crédibilité d’institutions comme le MPC passe par le respect des règles élémentaires de procédure de la part de celui/celle qui les dirige. Au-delà, point de salut.

Certains l’ont compris, mais sont-ils suffisamment nombreux  ?

Le 5…

… où, manifestement, ils ne sont pas suffisamment nombreux.

Par exemple, Philippe Boeglin, l’éditorialiste de notre canard local considère que la Commission n’avait pas grand chose à se mettre sous la dent, hormis « la récusation prononcée 
par le Tribunal pénal fédéral à l’encontre de Michael Lauber dans les procédures FIFA, suite à l’absence de verbalisation des entrevues informelles avec Gianni Infantino. »

Et de poursuivre : « Est-ce grave, docteur? Le dilemme est ­cornélien. Il y a pire comme faux pas, 
et ­l’erreur est humaine. Mais ce n’est pas 
pour autant une broutille ou une peccadille, comme certains des soutiens politico-­judiciaires de Michael Lauber ont pu le dire. »

Certes, on ne parle pas d’une bévue, mais la réduire au rang du bon vieil adage populaire selon lequel « l’erreur est humaine » démontre à quel point même certains spécialistes ne mesurent pas l’ampleur du problème. Tout le monde commet des erreurs et Michael Lauber ne saurait y faire exception. Par contre,  qualifier« d’erreur » ce qui constitue non seulement une violation crasse des règles de procédure destinées à protéger l’individu, mais également – a priori – un mensonge éhonté ( comment ne pourrais-je me rappeler avoir rencontré 3 fois et non 2 le big boss de la FIFA ?),  va bien au-delà de la simple boulette. On ne parle pas d’un fonctionnaire lambda, mais du gardien du Temple. Et, de surcroît, son attitude quand on vient lui faire des remarques à ce sujet est très éloquente de son état d’esprit : « Laissez-moi faire comme je veux et ne venez pas m’embêter avec les détails ».

Alors, oui, si Michael Lauber n’est pas réélu Procureur général de la Confédération, certaines affaires risquent d’être retardées. Mais, l’important n’est-ce pas la crédibilité de notre système judiciaire et la garantie que ses gardiens respectent le cadre légal, comme n’importe quel justiciable ?

Le 6…

…où l’on se réjouit d’apprendre que Maurice pourra continuer de réveiller ses voisins à l’aube sur l’Île d’Oléron. Le Tribunal d’instance de Rochefort, en Charentes-Maritime a débouté les voisins, des nouveaux venus dans l’île, qui se plaignaient de ne plus pouvoir faire la grasse mat’. Et avec ça, 1’000 Euros de dommages et intérêts pour sa propriétaire, une îlienne !

You made my day, Maurice !

PS : lui a-t-on seulement lu ses droits à ce brave gallinacé ? Blague à part, rappelons que les procès contre les animaux étaient assez courants au Moyen-âge. Les animaux domestiques, comme les cochons, les ânes, se voyaient régulièrement accusés des pires maux. Malgré le fait qu’ils disposaient des mêmes droits que les humains, y compris celui de pouvoir bénéficier d’un avocat, ils finissaient le plus souvent sur le bûcher. « Levez la patte droite et dites : Je le jure ! » nous en apprend de belles. (Books n° 55, juin 2014)

 

Le 9…

… où la magie peut frapper dans les endroits les plus inattendus.

Cet après-midi, entre 2 rangées de barbelés, un troupeau de moutons, et le parking de l’administration de l’établissement carcéral où je sors d’une entrevue avec mon client, je croise une maman avec sa poussette. Elle vient de terminer sa visite au père de son enfant, pensionnaire forcée de la colonie pénitentiaire.

Elle enfile ses rollers de compétition et, le biberon à la main, emmène tranquillement son enfant vers la barrière que le gardien a déjà levée. La gare est bien à 2 km à pied et, sur la petite route goudronnée, au milieu des prés, sa longue robe bariolée flotte harmonieusement dans la petite brise, au rythme de ses poussées chaloupées. Un moment de grâce…

Le 10…

… où, veiller du 11 septembre, on a qu’une envie, celle de dégommer les 2 piles de courriers en retard qui persistent à ne pas vouloir mordre la poussière.

Comparaison pas forcément très « politiquement correcte », mais, chaque année, impossible de ne pas se souvenir de ce fameux 11 septembre où, au téléphone, l’un de nos partenaires aux États-Unis nous disait de regarder les news, car c’était incroyable. Je me rappellerai toujours que, à cette époque où Internet n’était pas aussi véloce qu’aujourd’hui, l’écran du PC faisait apparaître lentement l’image d’un gratte-ciel frappé de plein fouet par un avion de ligne. C’était fou, inimaginable, et, pourtant c’était vrai. Nous ne le savions pas encore, nous entrions dans une ère nouvelle où la terreur frappait directement à travers les réseaux sociaux…

Le 11…

… où, aujourd’hui, on pensait mettre la robe et, finalement, on se retrouve déguisé en Teletubbies avec sabots en caoutchouc, direction la salle d’accouchement pour accueillir la benjamine de la fratrie qui a décidé de résilier le bail de son studio, sans préavis.

 

Le 12…

… où une élection agite le petit landerneau judiciaire de notre Comté.

Qu’est-ce à dire ? S’agit-il de désigner le nouveau Procureur général ou le Président du Tribunal cantonal ? Que nenni ! Il s’agit simplement de désigner un ou une procureur(e) assistant(e).

Mais voilà, une femme s’en va. Donc, le débat devient épidermique. Alors que le Conseil de la magistrature préconisait une candidate – totalement inconnue des prétoires – les luttes intestines entre parties ont conduit à 5 tours de scrutin !

And the winner is… bien sûr une femme,  ce dont  on ne peut que se réjouir, mais une autre, issue du sérail parquetier qui plus est.

L’élu de gauche, qui s’est allié à  la droite extrême, pour faire triompher sa candidate nous assure qu’il s’agit du meilleur choix… Étonnamment, on ne nous dit pas  tout simplement quelle était la meilleure !

Le 13…

… où vendredi 13 oblige, on peut éviter de passer sous les échelles ou de croiser des chats noirs.

Mais pas moyen d’éviter  les arguments  en dessous de la ceinture de la partie adverse !

Séance de Justice de Paix, Madame, dont la consommation d’alcool est inversement proportionnelle à ses capacités éducatives tente d’obtenir le placement de ses 2 enfants qui, lassés de ses divagations, lui ont tourné le dos et se sont mis du côté de leur père, très protecteur il est vrai.

À bout d’arguments pour convaincre la juge, la dame, relayée allègrement par son avocate, suggère que le père en question serait peut-être un pervers, au vu des comportements douteux qu’il adopte avec sa fille…

Et quand on demande si on accuse clairement notre client d’avoir un comportement inadéquat, et par conséquent pénal, avec son enfant, sinon de retirer immédiatement ses allégations odieuses et graves, également punissable sur le plan pénal, on s’entend répondre : « Mais je reste factuelle, cher Confrère, uniquement factuelle. »

Quand on sait les dégâts en termes de vies ruinées causés par de telles accusations lancées uniquement pour s’assurer un avantage sur son conjoint,  « factuel » rime avec « irresponsable ».

Le 16…

… où la newsletter de Causeur nous indique que les étudiants endroits sont devenus « nuls » !

Et pourquoi donc ? Parce qu’ils ne savent plus parler ni écrire le français !

« On peut très facilement identifier la cause principale de la baisse tendancielle du niveau : l’insuffisante maîtrise de la langue française, c’est-à-dire de l’outil nécessaire à la compréhension et à l’expression, quelle que soit la discipline envisagée. C’est le handicap majeur d’une grande partie des étudiants. Il suffit de corriger des copies de licence pour s’en convaincre. »

Le 17…

… où on ne peut s’empêcher de sourire en recevant la lettre du second avocat mandaté par une partie adverse assez étrange, pour ne pas dire plus.

Le premier avait renoncé à son mandat sans tambour ni trompette. Voilà que le second fait de même.

Soit ces gens n’ont pas de chance, soit ils sont, comment dire, hermétique à toute forme de conseil juridique émanant d’un professionnel formé à cet effet.

Le 18…

… où l’on peut tester sa force de caractère « en réunion » à réception du message Whatsapp de l’un des participants au lunch de midi : « Merci de prendre note que je dois impérativement être de retour au bureau à 14h00 ». Message relayé par votre serviteur et deux autres « Oui, moi aussi »

Notre merveilleux ami Sven avait lancé l’invitation « Mercredi, suis coincé à la maison pour faire à manger aux enfants. Venez manger à midi avec moi, c’est mon anniversaire, je ferai un rôti ».

Et nous voilà donc 6 autour de la table. 13h50… « Qui prend encore un café ou une bière avant d’y aller ? » 14h45… « J’ai une de ces poires à vous faire goûter ».

Retour au taf 16h20, pas vaillant.

Le 19…

… où l’on se dit que trois rdv dans la journée, suivi d’un cours donné sur le droit du travail de 18h00 à 21h30, valent bien un petit

ABERLOUR A Bunadh Of

… voire même un second. Un nightcap comme on les aime… Slainthe math !

Le 20…

… où l’on vit une après-midi totalement surréaliste dans cette salle de tribunal qui accueille une procédure de divorce très tendue.

Madame pleure, son avocat ne cesse d’adresser des pics, le Président dans un premier temps, essayer de calmer le jeu, puis pète littéralement un plomb contre mon client, avant de nous lancer : « Je m’en vais 30 minutes et quand je reviens j’espère que vous aurez trouvé un accord ! »

Heureusement, dans les 3 minutes suivantes, qui ont précédé l’annonce à huissier qu’il pouvait rappeler le président, aucun accord n’étant possible, personne n’en est venu aux mains !

Où on va dans cette procédure, aucune idée, mais pas sûr que ce soit prévu dans le code de procédure civile…

Le 23…

… où l’on se voit refuser par le Procureur le renvoi d’une audience d’instruction, demandée parce que le prévenu vient de commencer un nouveau job, est en pleine période d’essai et qu’il doit assister à une formation. Il se voit donc mal demander à son employeur un congé pour « motif judiciaire ».

Affaire strictement financière, on attend cette audience depuis des mois, un report n’aurait aucune incidence et son nouveau job lui permettra d’essuyer les plâtres…

Comprends pas.

Le 24…

… où l’on se rend au pénitencier de la Comté.

Nouveau maton au sas d’entrée des visiteurs. Bonjour MeFaire ! Vous allez bien ? Puis-je voir votre carte d’identité ?

-Mais vous venez de m’appeler par mon nom… Vous savez donc qui je suis ?!?

-Oui, mais c’est la procédure maintenant. On doit demander la carte de tout le monde, même ceux qu’on connaît !

Le 25…

… où, décidément, nos politiciens sont des gens merveilleux.

Ils ont la preuve que l’un des plus hauts magistrats du pays, garant des fondements de la poursuite pénale, domaine où les droits des justiciables sont par définition toujours sur la corde raide, s’assied sur les règles de procédures (contacts non documentés, j’en passe et des meilleurs) et, de surcroît,  refuse d’admettre ses erreurs. Je fais tout juste, passez votre chemin, il n’y a rien à voir. Allez, hop !

Eh bien, ils le réélisent quand mème à son poste de Procureur général de la Confédération !

Alors, comme ils sont bien conscients que c’est tout de même un fort de café, ils se couvrent en disant que c’est du bout des lèvres. Regardez braves gens. C’était juste hein ? Il a eu chaud, car il l’a bien mérité. Et puis, on lui a bien fait la leçon. Il ne recommencera plus. D’ailleurs, il va vous le dire tout à l’heure à la conférence de presse que c’est fini qu’on découvre ses petites manœuvres en douce. Et il noiera définitivement le poisson en remerciant sa famille. On est en Suisse, comme ça tout va bien…

Oui, décidément, pays merveilleux que le notre, où ce qui aurait valu une mise à pied, ou au minimum une démission, chez n’importe lequel de nos voisins immédiats, n’empêche en rien qu’il puisse continuer de sévir avec le soutien de notre classe politique, pour laquelle la défense et la protection des libertés individuelles est un concept étranger.

Que l’on se comprenne bien. Nul doute que les compétences de Michael Lauber sont au-delà de la norme et qu’il a fait un travail nécessaire et important au sein du Ministère public de la Confédération. Mais la direction d’une telle institution se doit d’être irréprochable non seulement aux yeux de l’intérieur, mais aussi de l’extérieur. Et, là, c’est raté.

Une fois de plus, nous avons la démonstration que la Suisse est un pays lisse en surface, où tout le monde est poli, les gens traversent dans les clous et où on ne fait pas de vague. Pourquoi ? Parce que ça protège nos institutions ? Non, parce que ça dérange le calme établi. Et quand il y a un problème, on préfère cacher la m… au chat et balayer ça sous un coin de tapis. Comme ça, pas besoin de tout chambouler. On prend les mêmes et on recommence, en priant le ciel pour que leurs boulettes passent cette fois inaperçues.

Il faut donc travailler pour que nos Tribunaux demeurent indépendants et ose tirer la sonnette d’alarme de temps en temps, en prononçant par exemple la récusation du PG ou de ses affidés, quand ils franchissent la ligne. Et c’est le travail des avocats de veiller au grain et de monter aux barricades pour protéger les libertés individuelles, quitte à déplaire.

Parce que le jour où il n’y aura plus d’avocats pour mener certains combats d’arrière-garde braves gens, il n’y aura plus de remparts aux violations des libertés individuelles et, cette fois, nous serons officiellement une république bananière.

Le 26…

… où il y a les magistrats qui considère l’avocat comme un caillou dans leur chaussure.

Et il y a les autres. « Madame, Monsieur, il y a lieu d’être satisfait d’être parvenu à l’audience de ce jour à un accord qui met un terme à 6 ans de procédure. Je vous remercie donc pour votre esprit de collaboration qui m’a permis de finaliser cette convention. Mais, je tiens à dire que nous n’y serions pas parvenus sans vos avocats respectifs qui ont toutefois très bien défendus vos droits à chacun ! »

Merci.

Le 27…

… où l’on se remémore cette époque où nous avions des lecteurs de K7 vidéos, sur lequel il y avait un bouton magique. Celui qui permettait de dédoubler le temps. Une bande de 4 heures se transformait en 8 heures.

Si seulement on pouvait faire la même chose pour pouvoir liquider le courrier en retard.

Le 30…

… où mon merveilleux Confrère lance : « Mme le Procureur, nous sommes sur la même longueur d’ondes ! »

Et elle de répondre : « Je ne sais pas si je dois le prendre comme un compliment…« 

%d blogueurs aiment cette page :