Mai…

… où je fais ce qui me plaît… enfin presque, voire pas tout à fait.

 

Le 1er…

… où les velléitaires épars du salaire minimum viennent beugler sous ma fenêtre.

Le 5…

… où à la nuit tombée, je me retrouve à traverser la Comté, sur mon fidèle destrier, pour aller assister un père de famille en GAV. Ce brave musulman fondamentaliste, en Helvétie depuis 30 ans, refuse que sa fille de 22 ans prenne un appartement pour vivre avec son mari, à qui il a déclaré tout de go « je vais te coller une balle dans la tête ».

Bon, la fille a caché son mariage à sa famille. Donc, ça part bien. En plus, elle veut aller faire le djihad en Syrie avec son merveilleux époux.

La nuit va être longue.

Le 6…

… où je retrouve en fin de journée mon client, toujours en GAV. Il est passé chez le psy de service. Diagnostic : trouble psychiatrique ponctué d’éventuelles idées hyper valorisées versus délirantes paranoïdes avec impulsivité, irritabilité et menaces auto et hétéro-agressives ! On ne comprend pas tout dans ce charabia, mais on comprend quand même que c’est grave Docteur.

Et fatalement, la Proc’ de service : Monsieur, avec un rapport pareil, vous comprendrez que je ne peux pas vous remettre en liberté. Votre avocat vous expliquera. De rien, merci.

Le 8…

… où, une nouvelle fois, l’adage selon lequel le client est décidément le pire ennemi de son avocat se vérifie.

Mon père de famille musulman traditionaliste se retrouve maintenant (c’est la procédure) devant le Juge du TMC (Tribunal des mesures de contraintes) qui doit décider de sa mise en détention pour risques de collusion et de passage à l’acte ou sa libération. Le MP demande un mois de détention préventive, le temps de faire une expertise et les confrontations.

Je plaide le parcours exempt de toute condamnation en Suisse, l’énervement compréhensible de mon client qui découvre que sa fille lui a caché son mariage avec un pro-djihad, et demande sa mise en liberté, moyennant quelques mesures de contrôle judiciaire. En conclusion : « ce serait tout de même triste que mon client doive passer son 60è anniversaire en prison« .

Et ça marche. Le Juge (qui avait commencé par m’engueuler parce que j’étais soit-disant en retard !) se frotte le menton. Bon, Monsieur, votre avocat a raison. Beaucoup d’accusations formulées par votre fille et votre gendre doivent encore être vérifiées et le reste ne justifie pas un maintien en détention. A part les menaces…

Monsieur, vous devez vous présentez demain à l’expert psychiatre désigné. Si je vous remets en liberté aujourd’hui, vous me promettez d’y aller ?

Pas de problème, Missieu li Juge, mon avocat y donne l’adresse et j’y vais.

Bon, alors ça va. Et il va s’en dire que vous laissez votre fille et son mari tranquille. Vous ne vous approchez pas d’eux.

Bien sur, j’ai compris, je laisse eux loin de moi !

Ok, alors c’est en ordre.

(petit soupir de ma part, tout va bien… et là, alors qu’on ne lui demande plus rien, mon client appuie sur le bouton « Das Boot » Torpedo… Los et lâche :

Bien sir, j’y peux pas promettre pour toute la famille en Suisse…

Le Juge lève un sourcil (dans ma tête, bruit d’explosion, la torpille vient de frapper sous la ligne de flottaison, le bateau sombre).

Là Monsieur, vous me faites peur, je ne peux pas prendre le risque que vous ameutiez les cousins, les oncles ou qui sais-je encore, et que cela se termine en vendetta. Désolé, mais je vais vous garder encore quelques jours, le temps d’avoir l’expertise et d’organiser les confrontations…

Mon client vient de comprendre ce qu’il a fait et fond en larmes (soupir)…

Le 9…

… où je retrouve ma collab’ avec la mine défaite, comme si elle avait le mal de mer, après son entretien avec un client. Je sais que ce n’est pas un dossier facile, mais à ce point-là ?

Non, c’est pas ça me répond-elle, mais j’ai crû que j’allais mourir. Le client, je ne sais pas depuis combien de jours il ne s’est pas lavé. Il puait, c’était horrible. Et il me demandait pourquoi j’ouvrais toutes les fenêtres, alors qu’il avait froid…

Le 12…

… où une cliente me mène en bateau. Me, maintenant vous avez reçu la provision que je vous ai versée ? [Après vérification] Non.. Mais je ne comprends pas, attendez je vais vérifier. [J’attends].

Le 13…

… où la vraie question est… To be or not to be.

Le 19…

… où l’un de mes petits camarades de jeu, après m’avoir envoyé un projet de convention pour régler un problème de construction, m’a demandé le jour où je l’ai reçu si mes clients étaient d’accord (Excusez-moi, cher Confrère, mais faut me laisser le temps 1) de le lire 2) de leur envoyer votre projet et 3) qu’ils me répondent); après lui avoir fait remarquer que son document était incomplet et lui avoir demandé de le compléter, il me l’envoie par courriel aujourd’hui, puis, 5′ plus tard m’envoie un second courriel annulant le premier, parce qu’il doit encore négocier avec l’assurance… Restons zen….

Le 21…

… où, après avoir passé 3 heures avec une cliente à préparer la séance de Tribunal, à peine a-t-elle fermé la porte de l’Étude, je reçois un fax m’annonçant le report de l’audience en question aux Calendes grecques. Glorieuse incertitude du lendemain, du surlendemain et ainsi de suite…

Le 23…

… où mon cœur balance entre la lettre d’insulte ou le mépris. L’excellent lunch de midi avec mon assureur règle la question. Fi Monsieur !

Le 26…

…où l’on m’annonce le démarrage de l’opération Tempête du désert pour la fin de la semaine. Juin s’annonce, comment dire, chargé.

Le 27…

… où j’entends Pierre Arditti donner une définition de Zurich « Temple protestant, rempli de banquiers calvinistes qui ne traversent que quand le petit bonhomme est vert. C’est fou ce qu’on s’y amuse ! » Je vais pouvoir pourrir un peu mes Confrères du Temple…

Le 29…

… Jeudi férié, où je ne vais vu et parlé à personne, juste The Dossier, et entendu à la télé cette phrase prémonitoire, tirée de Macbeth « By the pricking of my thumbs, something wicked this way comes… »

Le 30…

… où je vérifie les vertus prémonitoires de Macbeth : un avis de la poste laissé par le facteur dans la boîte annonce l’arrivée d’un jugement pour lequel 30 jours ne seront pas de trop pour recourir. Juin s’annonce… studieux, pour ne pas dire tendu !

… et où je finis sur ma terrasse au soleil à compulser des pages et des pages de notes et de mémos en vue du fameux recours… mais bon au soleil tout de même, avec une petite Meteor de printemps…

 

 

 

 

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