Août…

… où, après 15 jours en mode « off », cet été-Covid amène aux constats suivants : exit le stress de faire et défaire les valises (ce qui bouffe émotionnellement 4 des 15 jours de quille), on peut continuer de profiter de toute sa garde-robe, puisque, contraste climatique helvétique oblige, on passe de 32° à 21° d’un jour à l’autre, et les apéros chez les voisins sont particulièrement soutenus. Forcément, pour rentrer, pas besoin de conduire, juste traverser le jardin. Et c’est ainsi que l’on se retrouve aux alentours de minuit, ce 16 août, à fourbir son matos pour demain matin, avec force pluie et roulement de tonnerre. Time for a Midnight Blues….

Le 17…

… où on est d’entrée dans le bain, puisque l’on assiste un client à une audition de police, à leur centre d’intervention, à 8h00 tapantes.

Question Covid, la maréchaussée applique les règles de distanciation sociale à la lettre. Local de 5 m2 environ, une table avec ordi, 4 chaises, un vague panneau en plexi installé tant bien que mal de travers sur la table, 2 policiers, 1 prévenu et donc 1 avocat. Personne ne porte de masque (surtout pas les policiers qui sont pourtant obligés d’en mettre dans les voitures de patrouille !) et pas de désinfectant pour les mains à l’horizon. En plus, il fait une de ces chaleurs dans ce cagibi…

Juste avant les vacances, une greffière n’osait pas s’approcher et transmettre à la Présidente les pièces que nous déposions en audience, dans une salle climatisée où on aurait pu jouer au tennis.

On peut imaginer que ces variations de régime sanitaire d’une séance à l’autre seront désormais notre lot quotidien et qu’elles ne sont pas limitées à notre Comté. Mais quelques constantes de la part des autorités ne seraient pas inutiles, pour le bien de tous.

Le 18…

… où le retour aux choses sérieuses sous l’ère Covid se poursuit dans un charmant Tribunal sur les rives des Trois Lacs, pour une audience consacrée à circonscrire les points sur lesquelles porteront une expertise sur le dommage éventuel subi par un rural du fait d’une construction d’un lotissement d’immeuble.

Ici, les pupitres historiques accueillant les parties ont été remplacés par des tables fonctionnelles neuves, placées à distance (presque) officielle l’une de l’autre. Eh, on n’a pas pu reculer les murs quand même !

La salle d’audience est annoncé avec une capacité maximale de 7 personnes, ça tombe bien, nous sommes 6 (1 Présidente, 1 greffière, les 2 parties et, donc, 2 avocats). Et la Présidente, malicieuse, d’ajouter avec un clin d’œil : En fait, nous sommes au maximum de la capacité de cette salle en mode Covid. Eh oui, ma voix compte double !

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Le 19…

… où l’on ne peut que saluer la position du Conseil de la FSA (Fédération Suisse des Avocats) qui s’oppose à l’ancrage dans la loi Covid-19 actuellement en consultation de dérogations en matière de prolongation ou de rétablissement des délais.

Il y a bien sûr le postulat de base que le système judiciaire doit continuer à fonctionner, surtout en temps de crise. Il y a aussi le fait que l’avocat qui, après la première vague, n’aurait toujours pas pris ses dispositions pour exécuter correctement ses tâches professionnelles « à distance », au vu des moyens actuels mis à disposition, semble peu à même de remplir de manière générale ses obligations professionnelles conformément à la législation. Il y a encore la gabegie que de telles mesures créeront à nouveau inévitablement de par la confusion entre les délais légaux et ceux donnés par les autorités, qui ne seront pas soumises au même régime.

Mais il y a aussi et surtout, ce que la FSA s’abstient de souligner, par pudeur sans doute, c’est que, pendant que les gens sont au front, on ne voit pas pourquoi le monde judiciaire pourrait se réfugier tranquillement dans sa coquille, en attendant que l’orage passe, en n’exécutant pas les tâches que l’on peut accomplir seul, dans son coin, devant son PC, avec le dossier que l’on a à traiter, posé sur le bureau. Repousser les délais ce n’est pas donner un peu d’air à l’avocat, mais inciter les magistrats à se la couler douce pendant que, dehors, le justiciable reste sur le carreau.

Le 20…

… où le départ de Michael Lauber, pour la fin du mois est confirmée.

La politique qui, d’habitude a de la peine à se mobiliser lorsqu’il est question de Justice semble vouloir mettre les bouchées double pour faire souffler un vent nouveau sur le Parquet fédéral. Bien.

Ou alors, la vérité est ailleurs…

Soit on veut éviter que le discrédit sur la Justice suisse se prolonge au vu du calendrier de l’automne, histoire d’éviter l’étiquette de mauvais élève à laquelle l’Helvétie cherche sans succès à échapper depuis l’histoire des fonds en déshérence. Soit on veut empêcher Lauber & Cie de faire le ménage. Car il ne faut pas se leurrer. Quand le PG de la Confédération réfute les reproches à son encontre en disant qu’il ne voit pas où est le problème dans sa manière de gérer les dossiers, il y a fort à parier qu’il n’y a pas que dans le dossier phare de la FIFA quelque chose pourri au royaume de Danemark…

Le 21…

…. où, puisque Me LittleRedRidingHood pense qu’il s’agit du dernier jour où il fera beau, on aurait tort de ne pas en profiter. Mais, peut-être eut-il été prudent de brancher le mode « Avion »… Apparemment, d’aucun n’ont pas bénéficié de la même prédiction météorologique et font le forcing via Outlook.

Sorry guys…

Le 24…

… où l’on apprend la levée par nos instances politiques supérieures de l’immunité de notre Parquetier en Chef, suite à sa démission pour le 31 août prochain (cf. le 20 ci-dessus).

Même la presse étrangère s’en fait l’écho, c’est dire si cette décision continue d’attirer l’attention à l’étranger sur notre système judiciaire que l’on voudrait naïvement pouvoir continuer à le considérer comme étant sans faille.

Cette levée d’immunité est donc le prélude au lancement d’une procédure pénale pour soupçon d’abus d’autorité, de violation du secret de fonction et d’entrave à l’action pénale dans le cadre de ses rencontres avec le président de la FIFA, Gianni Infantino, et le premier procureur du Haut-Valais, Rinaldo Arnold. Excusez du peu.

Mais, est-ce que ce sera tout ? La question peut être posée. Dans ce genre d’affaires, une fois la boîte de Pandore ouverte, on ne sait pas trop ce qu’on va trouver sous le tapis. En tout cas, le principal intéressé ne prend pas les choses à la légère, puisqu’il a choisi pour se défendre l’un des meilleurs pénalistes zurichois, craint comme la peste par le Ministère public de la Confédération, notre excellent confrère Me Lorenz Erni.

Le 25…

… où l’on est rattrapé par la patrouille.

Cette fois, cette histoire de COVID devient tout à coup beaucoup plus réelle avec la mise en quarantaine par les autorités de Me LittleRedRidingHood.

Pour l’instant, les autres occupants de la #FaireCave ne sont pas concernés. Pour l’instant…

Grâce aux outils technologiques à disposition et au système mis en place pendant la première partie du confinement, notre fonctionnement ne sera pas affecté et, même si quarantaine il devrait y avoir pour tout le monde, nous serons en mesure d’assurer nos obligations professionnelles.

Cette situation risque malheureusement de devenir tristement banale pour les entreprises dans les semaines à venir. Nous nous y étions préparés, en espérant  que l’orage nous épargnerait. Il nous frappe pour l’instant de manière périphérique. Pourvu que ça dure…

Le 26…

… où, décidément, mauvais karma cette semaine, maintenant c’est Me Will qui apprend que deux joueurs de l’équipe de foot adverse affrontée ce week-end avec son club, étaient positifs, et le savaient !!!

On parle souvent de « violation du devoir de prudence » en droit pénal ou en RC pour qualifier un comportement irresponsable, susceptible de mettre autrui en danger. On y est là, non ?

Le 27…

… où une demande matinale de renvoi d’audience en raison de la mise en quarantaine par le médecin cantonal de Me LittleRedRidingHood (cf. le 25) se transforme en rumeur de mise en quarantaine de toute l’Étude et de contamination généralisée au COVID-19 de tous ses avocats, propagée par le personnel du Tribunal à qui veut l’entendre au travers de la ville, de sa piscine municipale et, jusqu’au greffe du Ministère public que notre secrétariat a appelé cet après-midi après la demande et s’est vu interpellé : «Ah, mais, vous n’êtes pas malades ?»

On parle bien d’une autorité judiciaire, de secret de fonction, de protection de la personnalité, d’atteinte au crédit, de mensonges, bref d’irresponsabilité crasse. Venant de n’importe quelle personne, ce serait déjà grave, mais d’un Tribunal… On va où ? Ce n’est déjà pas facile d’exercer sa profession au milieu des multiples contraintes sanitaires, aussi changeantes que la météo. Si l’on doit en plus composer avec des imbéciles…

Le 28…

… où l’on interpelle le Tribunal en question pour lui demander d’informer son personnel que les informations propagées la veille sont mensongères et doivent non seulement cesser immédiatement, mais, de surcroît, être démenties.

Aucune réaction tangible, mis à part le greffier qui ricanait bêtement au téléphone…

Le 31…

… où on ne voudrait pas paraître répétitif avec ces histoires liées à la situation sanitaire actuelle, mais il faut reconnaître qu’elle impacte inévitablement nos journées. D’ailleurs, ce matin, nous avons décidé que le port du masque serait dorénavant obligatoire dans la salle de conférence. En effet, il y est impossible de tenir nos distances autour de la table de conférence à partir de 3 personnes assises. Et le signalement pour la quarantaine ne concerne que les rencontres sans distanciation minimale durant plus de 15′ sans port de masque. Donc, si l’on veut éviter qu’il nous arrive des bricoles, soyons prudents.

Mais, ailleurs dans la Comté, c’est une autre histoire. Allez ! Une dernière pour ce mois :

Rendez-vous dans un cabinet notarial, confirmé par mail de la secrétaire dudit notaire, avec cette précision en italique/gras/souligné : « Notre Étude respecte les règles sanitaires en vigueur. Par conséquent, pour le rendez-vous de ce matin, veuillez porter un masque et vous munir de votre propre gel/alcool. »

Dont acte. Masque prêt à être arrimé, arrivée devant l’huis arborant fièrement la pancarte « Voici comment nous protéger« . On sonne. Une secrétaire vient nous ouvrir. Pas de masque et elle regarde sans mot dire celui que je porte encore à la main. Traversée du hall d’entrée, petit coup d’œil dans les bureaux répartis tout autour : pas un masque à l’horizon. Arrivée dans la salle de conférence où attend le client, son masque posé devant lui regard avec un regard un peu perdu : « Faut-y le mettre ou pas« . Le notaire débarque. Toc toc bonjour Messieurs ! Mais de masque : que pouic !

 

 

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