Avril…
… où l’on sort la tête de la (relative) pause pascale. Le printemps va-t-il (enfin) revenir ? Les notifications éparses sur le mail annonçant quelques nuits blanches à venir sont-ils des signes avant-coureurs ? Le carnet de bal défile sur l’écran, à mesure que le soleil se lève au son de l’archange Gabriel… Thick cloud, steam rising, hissing stone on sweat lodge fire / Around me, buffalo roam, sage in bundle, rub on skin / Outside, cold air, stand, wait for rising sun… San Jacinto… pour un peu, on s’y croirait… I hod the line…
Le 19…
… où ma cliente la plus attachante me dit, au terme de notre vidéoconférence pour préparer l’audience de demain : « Ne vous inquiétez pas. Tout va bien se passer. J’ai observé les astres dans votre signe. Tous sont bien placés. Venus, Mercure, le Soleil, etc., tous au bon endroit. Tout ira bien… »
Peut-être que c’était déjà arrivé avant. Qui sait ? Mais, on ne me l’avais jamais dit. Sensation étrange (et dangereuse) d’imaginer que rien de négatif ne peut se passer demain. Surtout avec cette partie adverse qui nous abreuve de sa condescendance et de son mépris depuis le début de cette affaire…
Le 20…
… où, à défaut d’avoir la preuve du soutien indéfectible des astres, on peut néanmoins considérer qu’ils étaient de notre côté ce matin. Ma merveilleuse cliente ne s’était pas trompée.
Pourtant, il y a eu quelques ratés au démarrage, avec notre seul témoin qui se mélange les pinceaux, mais finit tout de même par répondre utilement aux trois premières questions… dans la dernière. Sous un air jovial et un brin rigolard, on n’imagine pas la pression de la personne qui vient témoigner dans une enceinte de Justice. Qui plus est quand c’est le sort d’une amie qui est sur la balance. En principe, les Juges connaissent ce trouble et savent ce qu’ils doivent en retenir sur le fond.
Le ciel se dégage au moment des plaidoiries, surtout quand le mandataire adverse conclut le 1er round d’argumentation en déclarant péremptoirement : « Bref, la décision de la société que je défends était une maladresse, qu’elle a corrigé en annulant sa Directive interne ! » Nous n’en demandions pas tant !

La moindre des choses fut de le remercier pour son aide, bien involontaire, en ouvrant le second tour de plaidoirie par des félicitations pour avoir si brillamment démontré, dans son propos, à quel point ma cliente avait raison…
Le 21…
… où il est question du syndrome d’aliénation parentale. SAP pour les initiés.
Selon les spécialistes (il y en a !), il s’agit d’une notion controversée introduite par un psychiatre (of course !), Richard A. Gardner, au début des années 1980. Il fait référence à un trouble dans lequel un enfant, de manière continue, rabaisserait et insulterait un parent, sans justification.
Selon les médias, et là ils parlent divorce, il s’agit d’une véritable machine de guerre contre les ex, puisque le SAP est ce qui décrit la stratégie destinée à détruire le parent non-gardien au travers des enfants communs, dans le but de n’avoir plus à composer avec et de le réduire à néant.
Selon les avocats, puisque c’est chez nous qu’échoue la torpille sous-marine, eh bien… cela dépend. De quel côté de la barre on se trouve notamment. Si c’est du côté du parent non gardien, c’est un grand classique. Un spectre qu’on agite avec plus ou moins de succès, en fonction de ce que les organismes de protection de l’enfance diront de la situation et de l’attention que le Juge voudra bien accorder.
Parlons-en de ces « spécialistes ». Les praticiens savent que, sous ce terme, on range tout le monde. Du psychologue aguerri au stagiaire qui n’a encore jamais mis les mains dans le cambouis de la détresse familiale. Et comme partout, en droit comme ailleurs, dans cette dernière catégorie, il y a ceux qui croient détenir la vérité suprême et ceux qui préfèrent rester prudents. Forcément, les seconds occasionnent moins de dommages collatéraux. Mais comment savoir ? Dans le rapport qui sera soumis au Juge de la famille pour décision, l’expérience du rédacteur n’apparaît pas d’emblée. C’est un véritable travail de décodage que de tenter d’en détecter les incohérences. Parce qu’il y en a. Souvent beaucoup. C’est normal, il s’agit d’une problématique dont le principal facteur est émotionnel. Comment être sûr que tout le monde a su garder la tête froide ? Mais comment expliquer ça à celui qu’on accuse de tromper ses enfants pour mieux assouvir sa vengeance ?
Le dossier qui nous occupe aujourd’hui reprend ce reproche à l’encontre du parent gardien, notre client. Un père qui s’occupe désormais à 100% de ses deux enfants, depuis que Madame, alcoolique et violente envers eux a été astreinte à quitter le domicile conjugale. Si les spécialistes de la protection de l’enfance admettent les reproches formulée contre la mère, on voit qu’ils bloquent sur le fait que les enfants la rejettent aujourd’hui totalement. Alors, puisqu’on n’arrive pas à expliquer cette rupture de la part de ses deux ados, c’est forcément la faute du père. SAP, bien sûr. C’est imparable, parce que l’inverse n’est pas démontrable objectivement.
Donc, pour en revenir aux avocats, selon ma modeste expérience, cette accusation somme toute très grave apparaît comme un fourre-tout où les fameux spécialistes qui ne comprennent pas toujours ce qu’il se passe derrière les murs du domicile familial s’y réfugient pour opposer une explication qui leur convient dans une situation qu’ils voudraient contrôler, mais qui leur échappe, car les principaux concernés ont réglé le problème à leur place et à leur manière…
Le 23…
… où on connaissait dura lex sed lex (trad. : vous l’avez dans le baba, cher justiciable), in dubio pro reo (on a cherché partout, pas moyen de trouver le moindre élément contre vous, donc, la mort dans l’âme, on n’a pas d’autre choix que de vous acquitter). Le Tribunal de police de Genève y a ajouté aujourd’hui in vino veritas !
En effet, il condamne un encaveur valaisan pour avoir voulu espionner des journalistes (instigation à soustraction de données) qui lui voulait du mal, en tous cas selon lui. Une « affaire » des plus rocambolesques, même pour la cité du bout du lac, où se croise des ex-agents secrets délateurs, des informaticiens hackers à la petite semaine et un marchand de picrate donc. Bon, la tasse restera difficile à avaler pour cet homme déjà dans la tourmente pour des histoires de fisc et de pinard frelaté. Ira-t-il tenter d’obtenir l’AOC en appel ? Affaire à suivre…
Le 24…
… où il faut être prudent avec la mention de l’objet du courriel que vous adressé à une longue liste de destinataires.
Si on indique par exemple « C’est la poisse…« , eh bien ce sera la poisse toute la journée au fil des réponse s’affichant dans la boîte de réception…

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