Janvier…
… où l’on ne sait pas encore ce qui nous attend ni ce que l’on peut raisonnablement espérer attendre ni ce que certains attendent vraiment… bref, on attend…
Le 5…
… où l’on est assailli de toutes parts de vœux, variés, conventionnels, à tel point qu’avec ces flots de chance, courage, santé et tuti quanti, on se demande comment en 2015, on pourrait perdre une seule affaire, ne pas gagner l’Euro Million, sauver le Monde des excités de tous poils et… vivre heureux, riche, célèbre et… tranquille.
Ah tiens, il y a un client qui me souhaite de gagner son procès cette année. En voilà un qui est sincère, au moins…
Le 6…
… où l’on reçoit cette ahurissante liste de questions qu’un individu particulièrement agité entend faire poser un psychologue qui, de manière très claire et très précise, a expliqué que ses enfants ne voulaient pour l’instant pas avoir de contact avec leur père, en raison de son comportement agressif et inadéquat. La première des… 34 questions est on ne peut plus péremptoire : quel est votre Q.I. ?
Après avoir mis en doute la légitimité de qui que ce soit pour se prononcer sur ces indéniables qualités de pédagogue, il demande : quelle preuve avez-vous que je traite mes enfants de malhonnêtes et de mal éduqués ? Mais, 3 questions plus loin : comment ne peut-on qualifier de malhonnêtes le comportement de mes enfants qui persistent à m’appeler par mon prénom ?
Notre adepte de Françoise Dolto termine son questionnaire très peu proustien par cette ultime pique dont la pertinence n’a d’égale que l’autocritique dont il a su faire preuve : quelle légitimité avez-vous pour écrire de pareils torchons ?
On ne peut que se réjouir de la toute prochaine séance où il souhaite pouvoir s’exprimer sur la situation…
Le 7…
… où la barbarie et la connerie essaient de tuer la liberté d’expression, la liberté de penser, la liberté de dessiner.
… où l’on devient Charlie
Le 8…
… où pendant que le GIGN et le RAID traquent les assassins, la grippe frappe en toute impunité mes collab’ !
Mais que fait la police, nom de D…. ?
Le 9…
… où, entre 2 flashs sur BFMTV, l’on joue un remake de « tu veux ou tu vas pas ? » avec un client qui après m’avoir confié son dossier, repris, redonné, annoncé qu’il avait versé la provision, puis finalement non, réfléchis, téléphoné, confirmé que je devais bien l’accompagner au Tribunal la semaine prochaine, puis non, fais envoyer des mails par son fils, pour dire : oui, mais non, vient finalement à 16h30 chercher son dossier.
Me, ce n’est pas contre vous, mais je n’ai pas les moyens de me payer un avocat, j’ai trouvé un jeune apprenti juriste qui va s’en occuper presque gratuitement…
Pour la petite histoire, le quidam se voit réclamer 650’000.- par un courtier et est multimillionnaire.
PS : à Paris, la traque s’achève comme elle a commencé, dans le sang. L’après-Charlie commence…
Le 11…
… où l’on se dit que, vu le temps pourri de ce dimanche, on va rattraper quelques dossiers égarés au détour de l’actualité et que l’on commet l’erreur d’allumer la télé.
Manifs monstres dans les grandes villes, « Je suis Charlie » sur tous les écrans et, là, une haie de chefs d’Etat se tiennent coude à coude. Du jamais vu certes, mais au niveau de l’hypocrisie. Au premier rang figure des Présidents connus pour museler la presse et les journalistes dans leurs pays. Pauvre Simonetta, perdue au milieu de ce paniers de crabe.
Et respect pour tous les autres anonymes qui ont manifesté contre la barbarie.
Le 12…
… où, cette fois, les dossiers n’attendent plus et nous le font savoir…
Appel de la police, l’une de nos clientes a disparu, sa fille ne s’est pas présentée à l’école le 5, les Mineurs ont avisé la Maréchaussée. Madame, une ressortissante moldave, fraîchement séparée dans un contexte houleux a quitté l’appartement protégé, où elle logeait avec sa fille, contre l’avis des responsables de l’association qui l’hébergeait. Depuis le 22 décembre plus aucune nouvelle d’elle, son portable est muet. L’appartement conjugal a été découvert par la police entièrement vidé par son époux, apparemment retourné au Portugal…
L’abruti d’avocat de l’époux, contacté par nos soins, nous déclare crânement dans un premier temps que, son client lui a dit récemment que tout allait bien, avant d’avouer piteusement quelques heures plus tard, qu’il n’en sait rien et qu’il est sans nouvelle également depuis Noël.
On épluche le dossier pour voir si on a l’une ou l’autre infos utiles à communiquer aux enquêteurs… pas vraiment
Le 13…
… où la Police appelle pour dire que, pour l’instant, elle n’a aucune nouvelle information concernant la cliente disparue et sa fille.
… où l’on s’en va gaiement par les chemins à la permanence de l’ordre du soir. Une fois n’est pas coutume, aucune questions d’ordre matrimonial. Plutôt quelques situations peu banales, comme ce couple qui demande s’il y a un moyen légal d’empêcher les parents de Monsieur de s’ingérer dans l’éducation de leurs enfants. Ou bien cette brave dame victime d’une plainte déposée par ses voisins qui l’accusent d’avoir fait des photos de leurs enfants dans un but pédophile, alors qu’elle n’a voulu se procurer une preuve que ses bruyants voisins utilisaient leur piscine à toute heure du jour et de la nuit pour faire la fête et ameuter tout le quartier…
Le 14…
… où l’on reçoit un jugement plutôt étrange d’un Tribunal perché au bord d’un joli lac certes, mais la vue doit les troubler, parce qu’il manque dans le prononcé final la décision concernant l’un des deux objets de la contestation, pourtant discutée sur plusieurs pages de considérants et que la voie de droit indiquée est complètement fausse, tant au niveau de l’autorité de recours que du délai ! Bon, c’est à la partie adverse de se bouger, parce que c’est elle qui est dans la mouise…
… où l’on relance la police, sans succès, personne ne sait où sont passées nos disparues…
Le 15…
… où, lors d’une audience dans une affaire de violences domestiques, Me Lonesome Rider apprend de l’avocat du cogneur toxico qu’il est de nouveau en couple avec notre victime de cliente. Ah, oui, mais non, enfin pas vraiment, mais bon il est gentil maintenant. Il ne m’a plus lancé la télécommande de la télé. Et puis, j’osais pas vous dire, parce que je risque de perdre la pension de mon ex-mari s’il apprend que je vis en couple depuis trop longtemps. Eh oui, parce que l’on s’occupe aussi de la procédure de divorce…
C’est pas grave si je vous ai menti, Me ? Meuh non, voyons, on est là pour ça. Et pour la Procureur et le Juge du divorce, pas de souci, tout le monde sait que ces braves gens aiment qu’on leur raconte des craques…
où, pendant ce temps, dans une audience matrimoniale cette fois, on fait une proposition à la partie adverse, s’agissant des contributions d’entretien, CHF 5’500.-pour toute la famille. L’avocate de Mme demande à pouvoir en discuter avec sa cliente, se retire, les minutes passent, longues, finalement elles reviennent. Alors, Mr le Président, après en avoir longuement discuté avec ma cliente, la proposition n’est pas du tout acceptable. Nous demandons 2’600.- plus les allocs pour les 2 enfants et 2’500.- pour Mme… Soit 90.- de plus que notre proposition.
Le Président : Me, la détermination de votre client ?
Euh, attendez qu’on réfléchisse, là. Eh bien, tout bien considéré, nous sommes… d’accord !
… toujours pas de nouvelle des disparues…
Le 16…
… où l’on doit se résoudre à fermer la boutique pour le WE sans avoir la moindre idée d’où sont nos deux disparues…
Le 19…
… où l’on rouvre boutique et lignes téléphoniques en hélant derechef la maréchaussée qui a exploré de nouvelles pistes menanttoutes à des impasses. Rien, aucune trace. Le mari s’est volatilisé en abandonnant son entreprise et ses ouvriers. Il a emporté tout le mobilier, mais laissé ses dettes. Le bailleur déconfit déclare n’avoir jamais vu Madame, alors savoir si quelqu’un l’a vue ou sa fille, entre le 20 décembre et le 31 janvier, date à laquelle le mari a disparu des écrans radars.
Aucun résultat auprès de la Moldavie, tous les contacts dont nous disposons sont HS. Les portables des disparus n’ont pas été activés depuis au minimum 15 jours. Rien, pas le moindre élément.
… où l’on commence à craindre sérieusement que cette énigme ne soit jamais résolue.
Le 20…
… où l’on a porté la robe de jour et on regarde le soir une pièce de théâtre avec Deux Hommes tout nus (2 avocats se réveillant dans le même lit, tout nus, sans savoir ce qu’ils font là). Est-ce à dire que les avocats ont un problème avec leur tenue ?
En tous cas, on y note quelques tirades qui pourraient servir « La vérité est fausse, alors je mens pour la rétablir« .
Le 21…
… où le client vous raconte des craques, mais alors des craques. Et répond, quand on lui dit que cela va être difficile de faire sauter cette accusation de « réticence » de son assurance ménage qui lui écrit que, suite à la énième déclaration de sinistre pour vol, elle a vérifié auprès du précédent assureur qui a résilié le contrat après 7 sinistres en 2 ans :
–Mais c’est pas ma faute, l’ancienne police c’est moi qui l’ait conclue et la nouvelle, c’est ma femme. La pauvre, elle a des troubles psychiques et n’a aucune mémoire. Elle ne savait pas que ce qu’elle écrivait était faux. Elle ne m’a pas demandé…
De la franchise, une sincérité à toute épreuve et… quelle élégance envers sa conjointe. Bref, le client parfait…
Le 22…
… où le Juge, en pleine tentative de conciliation, m’interdit de regarder la partie adverse. Il faut le regarder lui, comme ça pas de provocation. Il l’a veut sa conciliation pour classer le dossier !
Précision, il ne s’agit pas d’une altercation à la sortie d’un bar, mais d’une querelle de voisinage… Ma cliente est une gentille dame âgée et ses voisins, des lusitaniens à peine excités quand on ne comprend pas que, eux, ils vivent la nuit et puisqu’ils ont pu se construire une piscine, ils ne voient pas pourquoi ils ne peuvent faire des concours de plongeon à minuit !
Le 23…
… où l’on rencontre une merveilleuse Confrère qui découvre peu à peu que ce dossier de divorce ne va pas se résumer à un simple versement de la moitié de la Caisse de pension de mon client à sa brave future ex. Elle :
– Bon, cher Confrère, nos clients ont déjà discuté, ils sont d’accord. Monsieur signe la Convention de divorce que je vous ai envoyée et verse le montant à ma cliente.
– Il ne doit pas être si d’accord que ça s’il est venu me demander conseil.
– ….
– Là je vois dans votre Convention que Monsieur doit payer la moitié des honoraires de votre cabinet. Pourquoi ?
– Ah, mais ça c’est parce que nous avons travaillé aussi pour lui en préparant les papiers du divorce.
– Vous le représentiez aussi alors ?
– Euh non.
– De 2 choses, l’une, c’était une représentation commune et s’il consulte un avocat pour lui seul, le mandataire commun doit renoncer, puisqu’il ne peut pas se retourner contre un ancien client, conformément à la déontologie. L’autre, vous représentiez seulement madame et mon client ne vous doit rien.
– Ah…
– Autre chose. Vous me dites que votre cliente a investi son IIème pilier dans son activité indépendante.
– Oui.
– Alors, il faut en tenir compte dans le cadre du partage, cela vient en déduction de la part de mon client.
– Ah.
– Et votre cliente, elle a investi dans la maison familiale ?
– Je ne sais pas…
– Bon, je propose que nous nous revoyons quand vous aurez élucidé ces quelques détails ?
– Euh, d’accord, si vous voyez les choses comme ça…
Le 26…
… où l’on découvre que le calcul de l’indemnité kilométrique pour calculer les frais de déplacement ne fait pas vraiment débat. C’est 0.60 ct le kilomètre. Simple, facile à calculer. Tout le monde l’applique. Tout le monde ? Eh non. Il faut toujours que certains se signalent par leur esprit créatif, comme ce Président qui applique la méthode suivante : nombre de kilomètre X 0.1 X 1.85. Pourquoi ? Mais parce qu’il est Président. Lui il Sait ! Étonnant non ? Le résultat l’est encore plus.
Tenez, avec la méthode « usuelle », 100 km = 60.-
Avec la méthode, je ne fais pas comme tout le monde, mais je me soigne : 100km x 0.1 X 1.85 = 18.50 !
Peut-être que quelqu’un devrait lui expliquer qu’une voiture ne coûte pas seulement de l’essence, il y a les assurances, l’entretien, etc…
Le 27…
… où l’on entend qu’un manque de compassion est parfois pire qu’un excès de larmes…
Le 28…
… où un dossier qui porte le nom d’un grand chef apache nous amène à faire quelques jeux de mots d’un niveau… scolaire. Un peu de fatigue sans doute… Damned, nous sommes seulement mercredi…
Le 29…
… où la responsable RH, licenciée avant terme dans le cadre de la fermeture d’une entreprise et qui a suppléé aux carences de son patron en menant toute seule les entretiens de licenciement avec les employés, découvre que, pour prouver à la Chambre des Prud’hommes qu’elle a rempli pleinement sa tâche, il faut citer comme témoin l’un des pires fléaux pour tout cadre qui se respecte, le leader d’un syndicat.
…où on lui explique toute la subtilité de L’Art de la Guerre qui atteint son apogée lorsque l’on utilise l’un de ses ennemis (qui sera enchanté de venir casser du patron!), afin de remporter la victoire sur un autre…
Le 30…
… où le courrier du jour ne se rapporte qu’à une affaire.
Depuis 10 jours, une banale affaire matrimoniale – sans autre particularité que Madame ne veut plus rien savoir de Monsieur, donc rien de grave – a amené chaque jour une présence épistolaire au courrier. En vrac, l’avocat de la partie adverse nous écrit pour nous dire qu’il n’est pas d’accord avec nous (étonnant non ?) Rien de bien spectaculaire en somme, sauf que je le soupçonne fortement de ne pas demander l’avis de sa cliente, vu qu’il nous répond systématiquement le lendemain du jour où il reçoit nos courriers et, chaque fois, à côté. Le lendemain, il écrit au Juge. Celui-ci nous écrit le lendemain. L’avocat dépose le jour d’après une requête et nous en envoie copie. Le Juge la déclare irrecevable et on reçoit la décision le jour suivant, etc., etc.
… et l’on arrive à ce vendredi, où la secrétaire amène le courrier en se marrant. Pas bien épais, ce matin, mais bien ciblé…
Donc, je prends la (petite) liasse de papier. 1er courrier : Le Juge nous informe du retrait d’une requête de la partie adverse dans notre fameuse affaire. Second courrier, même affaire : Le même Juge octroie les nouvelles mesures provisionnelles demandées par mon excellent Confrère (qui soit dit en passant a requis la saisie du salaire de notre client pour le paiement des pensions alimentaires, alors qu’on l’a informé un jour plutôt qu’un ordre permanent de paiement a été constitué !!!!). Troisième et dernier courrier (toujours la même affaire, on s’en serait presque douté) : le même merveilleux Confrère nous écrit pour nous dire que sa cliente ne lèvera pas le petit doigt pour faciliter l’exercice du droit de visite… Que du bonheur !
Commentaire de la collab’ qui gère le dossier : Mais c’est Noël aujourd’hui !
Avec un plaisir non dissimulé, maintenant que je les vois sur Twitter, je peux enfin suivre vos presque quotidiennes. Ouf…. Que ne faut-il pas faire pour suivre un humoriste légal qui s’ignore à la trace… sur un blog qui ne permet pas de dérouler sur un petit écran des fenêtres aussi récalcitrantes que vos clients…
J’essaie de prendre des leçons de communication en vous lisant. Mais il y a du boulot.
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Cher Tigre,
Un grand merci pour votre message.
Le problème est connu, mais je peine à le résoudre, le thème du site ne me laissant que peu de marge de manoeuvre, où alors j’ai raté quelque chose.
Pour l’instant, la seule solution est de réduire le zoom à l’écran pour avoir tout le menu et, une fois le choix fait, on peut agrandir la fenêtre à nouveau. Pas génial, je sais, mais c’est tout ce que j’ai à offrir pour l’instant.
Mais j’y travaille.
Encore merci de me suivre.
@Mefaire
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