Mars…

… où on nous rappelle que nous allons célébrer le 15 le 2065 anniversaire de l’assassinat de César en plein Sénat, au détour d’un passage de Plutarque, racontant qu’un devin avait prédit, sans succès, au cher Jules de se méfier des Ides de Mars. Un an après le début du Coronacircus, manifestement, on ne se méfie toujours pas assez. Et, pour l’avenir, Soeur Anne ne voit pour l’instant rien venir…

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Le 1er…

… où nos chers voisins gaulois font le buzz avec la condamnation à une peine ferme d’un an de leur ex-Président pour corruption et trafic d’influence.

Certes, il s’agit d’une affaire franco-française, mais elle est intéressante car le message sous-jacent que nous envoie ce Tribunal parisien qui veut que Sarko se balade une année avec un bracelet électronique et que notre Conrère Thierry Herzog, subisse le même sort, étant de surcroît privé du droit d’exercer le Barreau pendant 5 ans, c’est que le République des Juges veut prendre le dessus.

Impossible de passer à côté du caractère éminement politique de cette affaire que le site de Causeur quanlifie de « produit juridique dérivé ». Tout d’abord, cette condamnation qui se veut exemplaire démontre que, pour les justiciables élus (taduction : politiquement exposés), le doute ne profite plus à l’accusé. Ensuite, on condamne parce qu’on a écouté les conversations entre un avocat et son client, ce qui est une nouvelle entorse à une autre règle, celle du secret professionnel, gardien des libertés. Mais, aujourd’hui, d’aucuns pensent que ces libertés ne doivent pas être les même pour tous. Enfin, ces fameux juges estiment que l’infraction est réalisée alors qu’ils admettent, écoutes à l’appui, que Sarko et son avocat n’ont évoqué qu’une possibilité d’obtenir l’appui d’un magistrat (troisième larron condamné) en lui faisant miroiter un joli poste au soleil de Monaco. En réalité, il ne s’est rien passé. Aucune suite, pas d’infos obtenus et pas de poste…

Comme le relève Pascale Roberd-Diard dans Le Monde, Ce qui était frappant à cette audience, c’était de voir la mobilisation considérable des moyens, tant du côté de l’accusation que de la défense. Le Parquet national financier, fragilisé par d’autres polémiques, y jouait sa réputation. La défense avait mobilisé tout le barreau de Paris au soutien de son confrère Thierry Herzog et en appelait au sacro-saint respect du secret professionnel de l’avocat. Les écoutes en elles-mêmes étaient accablantes, mais les faits qu’elles révèlent n’apparaissent pas d’une gravité qui justifiait cette débauche de moyens des deux côtés« .

Et maintenant ? Direction l’Appel et, probablement Strasbourg. Car le point d’ancrage de toute cette affaire va au-delà des guéguerres politiques. C’est la légalité de l’utilisation des écoutes entre un avocat et son client.

Le 2…

… où c’est la Perm’ en temps de Covid.

Pour rappel, les membres de notre Ordre se relaient tous les mardis dès 17h00, pour assurer une Permanence Juridique. 20 minutes environ de consultation pour CHF 30.-. En temps normal, la salle d’attente est bondée et les gens défilent par ordre d’arrivée, jusqu’au dernier. Là, les couloirs sont déserts. Il faut prendre rendez-vous pour une heure fixe. Les avocats attendent donc « le suivant » en discutant le bout de gras avec la secrétaire…

C’est plus calme, mais on s’ennuierait presque…

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Le 3…

… où l’on rencontre un personnage qui mériterait sa place dans le Guiness Book.

Il a facturé 300 heures de travail à une entreprise pour développer son site internet et, quand on lui demande s’il peut donner des preuves tangibles de son travail, il répond : »Tout est dans ma tête« .

Trop fort !

PS : on pourra lui demander des comptes sous l’angle d’une violation de la Loi fédérale sur la concurrence déloyale, parce que, là, franchement, les autres peuvent mettre la clé sous le paillasson si ça se sait.

Le 4…

… où, s’il fallait encore une preuve que les relations personnelles sur le lieu de travail ne sont pas sans risque pour le bon fonctionnement de l’entreprise, celle-ci devrait régler la question.

Mon Cher Partenaire et notre Chère Secrétaire, qui ont convolé par le passé, se rendaient ce matin gaiement et conjointement vers la #FaireCave sur leur pétaradant scooter, quand une camionette de livraison leur coupa « impromptument » (en français dans le texte, mais le Petit Robert nous dit que ce mot n’est pas répertorié…) la route. Heureusement, Dame Chance passait par là et l’état des lieux se limite « seulement » à une litanie de plaies et bosses pour les deux et une épaule fortement contusionnée qui tiendra Me Jack loin des courts ces prochaines semaines (le principal intéressé râle déjà!)… Mais voilà, ce matin à 7h18, l’Etude était proprement décapitée…

Des moines, voilà, il faut s’entourer de moines, pour pallier à certains risques organisationnels, quoique…

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Le 5…

… où, certes, le corps médical essaie de se protéger contre les tentatives d’obtenir un constat fallacieux, mais bon, faut pas exagérer tout de même !

Hier, donc, #FaireCave a vu deux de ses valeureux pensionnaires victimes d’un accident de la route, ayant occasionnés plusieurs plaies et bosses. Ce matin, on peut lire le constat établi par l’un des médecins de la Permanence urgentiste : Constat de coups et blessures. Voilà qui est surprenant, puisqu’il ne s’agit pas d’une rixe à la sortie d’un bar (difficile par les temps qui courent) ou de violence domestique (certes la passagère est mariée au conducteur du scooter, mais, de là à imaginer qu’il a délibérément visé une camion de livraison, faut être soufflé tout de même).

Mais, ce n’est pas tout.

Le libellé du constat est encore plus hallucinant : « Anamnèse : La patiente se serait fait couper la route par une camionette, ce qui aurait amené sa chute.Elle serait tombé [sic]sur son côté droit, à noter que la police et l’ambulance aurait été sur place. L’ambulance n’avait pas charger [sic] la patiente. La patiente n’aurait pas perdu connaissance. Les blessures constatées correspondent au [sic] dires de la patiente ! (si. si, il met un point d’exclamation, comme si c’était une surprise…)

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Laissons de côté la grammaire, il paraît que ce n’est plus une priorité aujourd’hui . Par contre, les Facs de médecine devraient peut-être prévoir quelques cours destinés à cultiver l’empathie… ou le bon sens…

Le 8…

… où l’on entend cette appréciation à propos d’une expertise, dans la bouche d’un autre expert : « Ce n’est pas une démonstration, c’est un credo » !

Joli façon effectivement de qualifier ce « rapport » que l’avocat aurait tendance à comparer au réquisitoire d’un Procureur très peu curieux. On ne s’intéresse qu’aux éléments à charge et on met de côté tout le reste. Une approche intellectuelle malheureusement très (trop) répandue et à laquelle succombe généralement ceux qui rechignent à se poser toutes les questions. Nombrilisme ou fainéantise ? Peu importe, le résultat est le même. Du côté d’Oxford, on qualifie cette prédisposition intellectuelle de confirmation bias. Le phénomène psychologique dans lequel une personne a tendance à privilégier les références ou les constatations qui confirment sa croyance actuelle dans les choses. Ce qui conduit (forcément) à des erreurs, car cette façon de procéder influence la façon dont les gens recueillent les informations et les interprètent.

Voilà pour la théorie. Il ne reste plus qu’à l’expliquer au Juge en termes juridiques.

Le 9…

… où, pire que les divorces par désaccord mutuel, il y a les litiges de voisinage. Exit la rationalité, le bon sens, l’empathie, c’est la porte ouverte aux débordements de toutes sortes, tous placés sous le sceau d’une émotivité exacerbée de part et d’autre.

L’affaire de jour ne fait pas exception à la règle. Au contraire, elle peut être qualifiée d' »hors concours », tant les épisodes abracadabrants s’y succèdent depuis des années. Cinq classeurs débordants de plaintes diverses, de courriers sans queue ni tête, de PV d’auditions rocambolesques pour en arriver à une audience consacrée aux seules accusations « rescapées » au terme de l’instruction, soit la contrainte, respectivement la tentative de contrainte, et l’escroquerie.

Donc, au vu des épisodes précédents, le risque que cette séance ne « parte en cacahuètes » était – comment dire ? – tangible.

Et c’est le point qui mérite d’être souligné aujourd’hui. Il n’en fut rien. Grâce à un Juge au ton posé et au discours adéquat, un confrère adverse qui, malgré ses déboires (une requête d’irrecevabilité et une autre tendant à la mise sur pied d’une expertise psychiatrique de mon client, toutes deux balayées d’entrée de cause), a toujours su garder le ton juste et mesuré, les débats ont pu être mené à terme dans la sérénité. Quant aux plaidoiries, plus techniques que passionnées, elles n’ont pas rajouté de l’huile sur le feu.

7 enseignements de Star Wars pour les entrepeneurs

Une audience pleine d’enseignements pour notre nouvelle Padawan qui découvrait pour la 1ère fois les allées du Tribunal de la Comté.

Le 10…

… où l’élection du nouveau PG de la Conf’ est une fois de plus reportée. Motif : on ne veut pas mettre au concours tout de suite parce qu’on doit d’abord savoir quelle sera la structure et le cadre légal de fonctionnement du futur chef du parquet fédéral (traduction : on s’est rendu compte qu’il fallait d’abord faire le ménage, pour ne pas décourager les candidats valables…) Fallait peut-être y penser avant ?

Le 11…

… où l’on accueille pour deux jours Ben, presque 13 ans, le fils de notre IT manager de choc, qui vient faire une stage d’observation dans le cadre de son cursus scolaire. Et donc, le Nouvel Obs pose des questions :

Pourquoi tu marques « courrier à client :15′ » sur cette feuille ?

-Parce que c’est comme ça qu’on fait pour mettre un prix sur notre travail. On écrit le temps qu’on passe pour chaque chose que l’on fait, ça nous permet de faire ensuite une facture.

-D’accord. Mais alors, c’est facile de tricher et de marquer n’importe quoi, comme beaucoup plus de temps ?

Eeeeeh, ce garçon comprend vite… On lui explique donc que les relations avec nos clients sont avant tout basées sur la confiance. Celle placée dans les capacités de son avocat, mais aussi celle dans son honnêteté au moment de facturer ses prestations. Je lui raconte la fameuse blague du jeune avocat qui arrive aux portes du Paradis et qui dit à Saint-Pierre qu’il est trop jeune pour être déjà mort, que ce doit être une erreur.

-Pas du tout, répond Saint-Pierre. Si j’examine vos timesheets depuis que vous exercez la profession d’avocat, vous avez au moins 120 ans !

Ben a bien rit.

Le 12…

… où on ne se lasse pas du merveilleux sens de l’humour de l’office cantonal de l’assurance-invalidité. Si, si…

Une personne demande à être mise au bénéfice de l’AI pour diverses pathologies, dont un problème d’hypersomnie qui la cloue au lit entre 12 et 14 heures par jour. L’office va partiellement dans son sens, puisqu’il lui reconnaît une invalidité partielle, mais, précise-t-il, une capacité résiduelle de travail dans l’industrie doit être retenue, comme, par exemple, surveillante d’une chaîne de montage. Bien sûr, il est tout à fait réaliste qu’on engage une surveillante qui ne pourra pas s’empêcher de s’endormir, le doigt sur le tableau de contrôle à côté du bouton STOP !

Le 15…

… où Isobel (prénom d’emprunt, forcément, vous vous en doutez) se tient là, dans la salle de conférence, encore toute tremblante. Pourtant, nous sommes lundi matin et c’est jeudi soir que la police est venue l’arrêter à son domicile.

22 heures, on frappe à sa porte. La maréchaussée lui intime d’ouvrir sans discuter, alors qu’elle sort de la douche. À peine entrouverte, un policier met son pied dans l’entrebaillement et la bouscule. « Vous savez pourquoi on est là, ne faites pas d’histoire« . Commence alors une fouille en règle de son appartement où elle vit seule, avec sa fille en bas âge qui dort à côté, mais qui, finalement réveillé par le tumulte, trouve sa mère en sous-vêtements dans le salon. Les policiers fouillent aussi la chambre de la petite et lui demande si sa mère ne lui a pas fait des cadeaux récemment. La petite est terrorisée- Aux questions d’Isobel qui demande ce qu’il se passe, la réponse est immuable : « Vous savez pourquoi nous sommes là !« 

En fouillant ses affaires, il retrouve les cartes de vœux de Noël et celle reçue pour son anniversaire, où ses parents avaient glissé un billet. « Ah, mais Madame, vous êtes riches si vous permettez de garder comme ça de l’argent à la maison« .
Sur ces entrefaits, ses parents arrivent. Ils sont inquiets, car leur fille vit une procédure matrimoniale compliquée, et, comme elle était au téléphone avec eux juste au moment où les policiers ont fait irruption, ils viennent voir si tout va bien. C’est peu dire qu’ils sont accueillis fraîchement par les pandores, ne reçoivent aucune explication et sont tenus à distance, jusqu’à ce que leur petite fille leur soit confiée, afin de conduire Isobel sur son lieu de travail, un EMS, ou dit-on, ils ont la preuve qu’elle a volé 50 Fr. dans un porte-monnaie ! « On vous a vu entrer dans une chambre et, quand vous en êtes sortis, l’argent n’était plus là. »

Isobel a beau contester, rien n’y fait. Son casier est fouillé, ses chaussures de travail saisies et la voilà qui se retrouve en garde à vue au poste de police où, bien évidemment, on va la faire lanterner pendant un bon moment.
Comme elle persiste à contester les faits, on lui dit qu’elle ne rentrera pas chez elle et ne retrouvera pas sa fille avant d’avoir avoué. De guerre lasse, à quatre heures du matin, n’en pouvant plus, elle leur dit qu’elle avoue tout ce qu’ils veulent, pourvu qu’on la laisse rentrer chez elle…

Isobel pleure dans la salle de conférence en se tordant nerveusement les mains. « Je vais perdre mon travail à cause de cette histoire, alors que je n’ai rien fait. J’ai avoué uniquement pour qu’ils me fichent la paix.« 
Quand elle s’en va, elle est à peine rassurée. La lettre qui va être écrite immédiatement au Parquet pour indiquer qu’elle est désormais représentée, devrait la protéger contre toute démarche intempestive de la police à l’avenir, puisqu’elle aura le droit de ne pas être interrogée hors la présence de son avocat. Mais le mal est déjà fait.

Au final, en tous cas à ce stade, la question n’est pas tellement de savoir si elle a vraiment volé 50 Fr. dans un porte-monnaie. Il y a manière et manière de faire. Quels que soit les intérêts en jeu, la police ne peut pas user de son pouvoir pour rabaisser les gens plus bas que terre quand ils sont dans l’incapacité de se défendre et choquer les autres personnes présentes par une absence totale de considération . Ce n’est pas seulement une question de loi, mais une question d’éthique, une question de respect.

Affaire à suivre…

Le 16…

… où, alors qu’on les voudrait en mode « express », certaines procédures n’arrivent pas à décoller du rythme du train de banlieue. Voire du convoi marchandises qui attend sur une voie de garage sa prochaine gare.

Voilà plus d’un an qu’on réunit cahin-caha les pièces disséminées auprès de Tribunaux de l’Hexagone pour faire reconnaître un jugement en Helvétie. L’exequatur que ça s’appelle. C’est joli comme nom, mais ça ne va pas pour autant plus vite. La demande est enfin déposée, mais le Juge de la Comté voisine considère qu’il manque encore un original. Demande au Confrère français, lequel répond dans la foulée qu’il sort du Tribunal de Grande Instance. Ils sont dès demain en quarantaine, vous savez pourquoi !

Quand ça veut pas, ça veut pas.

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Le 17…

où, tempus fugit, certes, mais pas à la même vitesse chez tout un chacun.

En matière de procédure de divorce, celui qui veut, alors que l’autre ne veut pas, doit prouver deux ans de vie séparé pour obtenir enfin son ticket de sortie.

Notre client, lors de la préparation de la demande de divorce, en décembre dernier, avait clairement indiqué « avril 18 » pour la date de la séparation du couple. Ce matin, en audience, il s’emmêle les pinceaux. Je ne me rappelle plus, c’est à cause des médicaments, mais je suis sûr que ça fait plus de deux ans.

La Présidente interpelle alors Madame. « Euh, ben, je ne sais plus trop… Décembre 2020, je crois… Regard effaré de son avocat. Tout le monde s’énerve un peu. Et la Dame de corriger : « En tous cas, ça fait bien trois ans… » La Juge essaie d’y voir clair « Madame, essayer de vous rappeler. Il y a au dossier un jugement de mesures protectrices de l’union conjugale daté de septembre 2018. Lors de cette audience, vous viviez déjà séparé de votre époux ?  » … « Oui, bien sûr. »

Ouf. Bon, circulez, y a rien à voir !

Le 18…

… où le premier droit du prévenu est de se taire, on le sait. Enfin, on devrait le savoir…

L’usage du droit de se taire et/ou de ne pas répondre aux questions du magistrat instructeur est fondamental. On ne peut le reprocher à l’accusé. Voilà pour le principe. En pratique, cette faculté doit être correctement exercée. Soit on répond aux questions, soit on ne répond à aucune, même les plus anodines. Sinon, l’exercice peut avoir l’effet inverse, car les non-réponses aux seules questions délicates se transforment gentiment en aveu.

L’audition de police de cet après-midi en fut un bon exemple. Les deux hobereaux hautains entendus pour dommages à la propriéé et violation de domicile de notre client ont voulu jouer aux plus fins en voulant slalomer entre les réponses et silence. Eh bien, ils se sont magistralement plantés. Exemples choisis :

La policière : « Quelle est votre profession ?« 

-Entrepreneur.

-Le nom de votre entreprise ?

-Je ne réponds pas à cette question…

-Dans quelle branche exercez-vous votre activité ?

Je ne réponds pas à cette question….

La policière : « Quand vous avez pénétré chez le plaignant, qu’avez-vous fait ?« 

-Nous avons déménagé ses meubles et ses effet personnels.

-Qu’avez-vous fait d’autre ?

-Nous avons simplement repris ce qui nous appartenait.

-Quoi par exemple ?

-Je ne réponds pas à cette question.

Et votre serviteur d’en ajouter une couche :

-Est-il exact que, à cette occasion, vous avez démonté toutes les portes de l’appartement de fonction et les avez emportés ?

-Je ne réponds pas à cette question.

-Est-il exact que vous avez sectionné le robinet de l’évier de la cuisine ?

-Je ne réponds pas à cette question.

Est-il exact que vous avez démonté et rendu inutilisables toutes les prises électriques ?

-Je ne réponds pas à cette question.

Le silence est d’or, mais là…

Le 19…

… où l’on comprend que la réouverture des restaurants, bars et autres, ce n’est pas pour demain…

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Le 22…

… où on n’est pas là pour dire du mal de nos alter ego, mais, là…

… par ce que, tout de même, pour oser écrire : « La créance alléguée étant contestée, elle n’apparaît dès lors pas vraisemblable. » Il ne faut pas manquer de souffle !

Il s’agit d’une procédure de séquestre sur un immeuble. Pour obtenir cette garantie, le créancier n’a pas l’obligation de prouver absolument tous les éléments de son dommage, il doit seulement le rendre « vraisemblable », c’est-à-dire crédible au vu des circonstances qu’il expose. Là, nous avons un bailleur qui a pénétré dans l’appartement de son locataire, pendant que celui-ci était absent, qui a intégralement vidé cet appartement, puis a rendu toutes les prises électriques et autres connexions électroniques inutilisables, et qui a démonté tous les appareils électroménagers de la cuisine, avant de sectionner le robinet de l’évier. Tout cela est documenté par des témoins et des photos. Donc, difficile de dire qu’il ne s’est rien passé et qu’il n’y a pas eu de conséquences.

Comme le bailleur présente des risques d’insolvabilité et qu’il est domicilié à l’étranger, le séquestre de l’immeuble dont il est propriétaire en Suisse est l’une des seules possibilités pour le lésé de s’assurer qu’il puisse être indemnisé un jour.

Et, donc, dans son opposition au séquestre, le représentant du bailleur s’est fendu de cette phrase merveilleuse pour nier une quelconque vraisemblance aux dommages invoqués par sa victime, dommage qui a été calculé par la simple addition de toutes les factures payées pour retrouver un logement habitable.

S’il suffit de la contester, même en dépit du bon sens, pour ôter toute vraisemblance à n’importe quelle créance, ça se saurait…

Le 23…

… où le rapport des gens avec la loi est parfois biaisé et c’est alors à l’avocat, avant le Juge d’essayer de remettre l’église au milieu du village.

Ce genre de péripéties est particulièrement fréquente en matière de législation sur la circulation routière (LCR). Les conducteurs, ou leur entourage, ont souvent une appréciation assez personnelle des écarts qu’on leur reproche.

Comme ce conducteur de cyclomoteur, amendé pour avoir roulé sur un trottoir. Le montant de la douloureuse est plus que modeste. Il est toutefois le dernier épisode d’une interminable litanie de sanctions diverses pour avoir enfreint à peu près toutes les dispositions de la LCR et de ses ordonnances annexes, ce qui dénote, selon la rhétorique de l’autorité  » une absence totale de prise de conscience sur la dangerosité de son comportement et le respect des autres usagers des voies publiques « .Mais, là, ils exagèrent. Tout de même, une amende pour ça. Un avertissement aurait suffi…
Ou encore, puisque c’est la journée, cette maman qui vient plaider la cause de son fils, jeune conducteur, sanctionné pour la seconde fois pour un excès de vitesse, et qui risque donc d’être privé de son Bleu pour quelque temps :

Mais, là, ils exagèrent. Tout de même, une amende pour ça. Un avertissement aurait suffi…

Ou encore, puisque c’est la journée, cette maman qui vient plaider la cause de son fils, jeune conducteur, sanctionné pour la seconde de fois pour un excès de vitesse, et qui risque donc de se retrouver privé de son bleu pour quelques mois :

Quand même, c’était un dimanche. Ça ne compte pas ?

Le 24…

… où nous n’avons pas tous la même logique, manifestement.

La question est de savoir s’il y a un risque de fuite pour ce débiteur impénitent.

Son avocat : « Dans la mesure où il est domicilié à Monaco, c’est à tort que X invoque de fuite, lequel ne peut pas être réalisé à défaut de domicile en Suisse !« 

Comment dire… ? Le séquestre vise précisément les biens immobiliers en Suisse du débiteur domicilié à l’étranger qui ne cesse de jouer les filles de l’air…

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Le 25…

… où on lit les comptes rendus du procès de l’UBS où les dernières plaidoiries de la défense ont clos les débats.

Etrange tout de même, les considérations émises par ce journaliste..

D’abord, il s’étonne que les points de vue du Parquet et de la défense n’aient pas évolué… Oui, bon, mais on voit mal le Parquet laisser tomber comme ça quelques trois milliards de sesterces de deniers publics.

Puis, on nous annonce un verdict le 27 septembre prochain (ça tombe bien on n’est pas pressé), mais apparemment il suppute déjà qu’une partie des arguments de la défense ont semblé demeurer peu audible auprès du Tribunal qui a tenu pour acquis le jugement de 1ère instance. Ah bon, les Juges ont déjà donné un teaser de ce qu’ils balanceront en septembre ? Ce serait assez inédit.

Sinon, le Tribunal a semblé entendre un autre argument, mais a paru persuadé malgré tout que les motifs des poursuites – sollicitations illicites de clients étrangers, et blanchiment aggravé du produit de fraude fiscale – étaient bel et bien établis. Et de conclure que le droit, de l’avis des magistrats, demeure une réalité intangible avec laquelle il n’est pas question de transiger.

C’est bien joli, mais à Paris comme à Pétaouchnok, les Juges laissent rarement transpirer leurs émotions avant de trancher, surtout dans un procès aussi médiatique. Ce brave chroniqueur serait-il devin ?

Le 26…

… où l’on s’inquiète d’une facture (conséquente) de l’Office des poursuites pour une notification qui s’est avérée périlleuse et on apprend que notre brave client est déjà intervenu pour régler la douloureuse, en utilisant une avance de frais inutilisée dans une autre poursuite !

Comme quoi, on aurait tort de s’inquiéter, nos clients veillent au grain… Enfin, oui… Bon… Sur ce coup-là peut-être, mais il paraît prudent de ne pas généraliser.

Le 29…

… où les dommages collatéraux de la pandémie révèle la nullitude de notre belle Helvétie, berceau du conformisme modéré, des branches Cailler et de la Swatch, en matière de transition numérique.

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Eh oui, alors que, dans la #FaireCave, on a mis le fax au rencart depuis belle lurette, on apprend que, du côté des spécialistes es-task force en tous genres, l’estimation du nombre des cas et autres données « sensibles » transitent toujours sous format papier entre les services concernés.

Etonnant non ? Nous ne sommes quand même pas un pays du tiers-monde en matière de modernité. Mais, peut-être ne veut-on pas rationaliser et simplifier certains processus par la digitalisation dans la fonction publique, de peur d’arriver à certains constats embêtants sur le taux d’occupation réel de certains secteurs de l’administration ?

Le 30…

… alors que, non loin de la Baie de Lausanne, se tient le procès du policier accusé d’avoir fait un usage inapproprié de son arme de service, dans le cadre d’une intervention qui s’est soldée par le mort d’un homme, à Minneapolis s’ouvre le procès de Derek Chauvin, accusé d’avoir commis un homicide sur la personne de Georges Floyd, en restant agenouillé sur son cou pendant près de 9 minutes.

Pas besoin de vous faire un dessin. Sous nos monts, ce genre d’événements est plutôt rare. Aux USA, non. Bien sûr, notre information est biaisée par le spectre de l’analyse des média se focalisant uniquement sur les sujets qui les intéressent et sous l’angle qui leur convient. Il est donc souvent diffcile de se faire une idée sur la situation réelle. Néanmoins, dans le cas de Georges Floyd, devenu un symbole ici et ailleurs des violences policières contre les minorités, le travail de la Justice sera à l’évidence très difficile pour se dégager de toute influence extérieure aux faits. Car « Chauvin est sur le banc des accusés, mais c’est l’Amérique qui est en procès », a ajouté le révérend Al Sharpton, un militant des droits civiques venu exprès à Minneapolis pour cette audience « historique ».

Witness in George Floyd case: 'I witnessed a murder' - DTNext.in

Verdict pas avant plusieurs semaines, mais Minneapolis s’organise déjà pour faire face aux débordements qui s’en suivront inévitablement. En effet, il n’y aura pas de demi-mesure. Suivant le système en vigueur, soit le jury populaire déclare Derek Chauvin coupable d’homicide à l’unanimité, soit le procès est annulé et l’accusé relaxé…

Le 31…

… où le procès du policier accusé d’avoir tué un Congolais en 2016 à Bex se termine donc par un acquittement. Légitime défense…

Toujours difficile de commenter un verdict « à distance ». La presse explique que la victime était bien « chargée », ce qui n’est d’aucune utilité pour juger de l’appréciation de la situation par le policier durant les quelques secondes où se déroule le drame. A priori, l’homme lui fonçait dessus un couteau à la main. Même formé à ce genre de cas de figure, un professionnel reste seul face à la menace. Pas de « stop, on rembobine et on recommence ». Pas de coup de fil à un « ami » pour choisir la bonne option.

Quelques centaines de personnes ont manifesté contre ce verdict durant la soirée à Lausanne, dans le calme… Heureusement, nous ne sommes pas à Minneapolis.

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