Janvier…

… où rien ne sert de courir, il faut partir à temps dit-on. Mais, avec tous les bobards qu’on nous raconte : le lièvre ou la tortue ? Selon un philosophe chansonnier du second millénaire, parie sur le lièvre. Affaire à suivre…

Le 8…

… où la pile des courriers retenus par la poste durant la pause est bien moins épaisse que d’habitude. Donc, on a bien attendu le passage des Rois du côté de l’administration judiciaire, avant de revenir aussi aux affaires.

On ne s’en plaindra pas.

Le 10…

… où nous sommes sensés faire de la procédure plutôt que de la psychologie. Certes. Mais, parfois, on ne peut s’empêcher de conjecturer sur les ressorts subjectifs qui animent les parties.

Nos clients, on les rencontre. On discute avec eux de l’affaire. En détails, plusieurs fois. Petit à petit, on arrive à se faire une idée assez précise pas seulement de la voie juridique à emprunter, mais aussi de ce qui les motive. Comment ils fonctionnent. Même si, au bout du compte, ils restent nos meilleurs ennemis, car ils parviennent toujours à nous surprendre. Surtout au moment où l’on s’y attend le moins…

Les parties adverses, c’est naturellement plus compliqué de les cerner. On n’a souvent que du papier à disposition pour les comprendre. On les croise parfois en audience, la plupart du temps trop brièvement pour les cerner suffisamment et notamment tenter de découvrir ce qui pourrait les amener sur le terrain de la discussion, dans les affaires civiles notamment.

Ce soir, je reste sur ma faim. Audience de conciliation, la partie adverse ne nous fait pas l’honneur de sa présence. Elle nous envoie son avocat qui a traversé la moitié de l’Helvétie pour nous délivrer ce message : Ma cliente ne souhaite pas entrer en matière sur une discussion. Elle est parfaitement en droit de le faire, ok. Mais, elle peut aussi le signifier par écrit et s’abstenir de nous faire perdre du temps. La procédure de conciliation le permet à la partie défenderesse qui souhaite justement… ne pas concilier. Pas besoin d’envoyer un Confrère dire… qu’il n’a rien à dire.

Et quand le Juge, un peu dépité lui aussi, lui propose de régler au moins un point à peine litigieux, la réponse tombe à nouveau péremptoire : Je n’ai pas d’instruction sur cette question. Je n’entre pas en matière.

En fait non. Cette séance nous en apprend beaucoup sur notre adversaire. Il fait preuve d’un mépris absolu envers mon client et ses droits. Ceci n’a semble-t-il pas échappé au Tribunal.

Le 17…

… où, confronté depuis le début de la semaine à différentes preuves médiatiques du climat wokiste délétère qui nous entoure, sans parler des velléités va-t-en-guerre qui hante cette semaine les couloirs du WEF, c’est avec bonheur qu’on lit dans notre canard préféré cette pensée lumineuse d’une étoile tout aussi lumineuse : L’alcool ne résout pas les problèmes, mais l’eau et le lait non plus…

Du plancher des vaches, merci chère Amy. You made my day !

Le 19…

… où l’on assiste impuissant à une entreprise délibérée de démolition.

Certes, la victime de ce massacre judiciaire organisé aurait été bien inspirée d’écouter son avocat, quand, en 2019 déjà, il lui conseillait d’arrêter de chatouiller son bailleur, parce que la créance qu’il pouvait raisonnablement lui réclamer était désormais presqu’entièrement compensée avec ce que lui-même lui devait. Mais voilà, si les gens écoutaient toujours leurs avocats et évitaient de vouloir jouer au plus fin, ça se saurait…

Trois ans plus tard, en 2022, un élan d’optimisme nous faisait imaginer que les plaintes et autres actions judiciaires du bailleur allaient cesser, un dernier jugement pénal renvoyant les combattants plus ou moins dos à dos. Espoir vite douché par la hargne de ses avocats. Depuis le début de l’année dernière, ce brave homme introduit sans discontinuer par leur canal plaintes pénales, actions judiciaires civiles et poursuites, sans aucun discernement. Juste un acharnement buté à planter une énième banderille sur la bête.

A vue de nez, on peut estimer qu’il a investi ans la destruction de son ancien locataire plus de 100k depuis une année. De plus, il ne peut ignorer au vu de la situation qu’il n’a aucune perspective raisonnable de récupérer un jour ses frais, pas plus que les créances plus ou moins fondées qu’il invoque.

Mais là n’est pas son but. Il est là juste pour l’enfoncer aussi bas que possible. Et ça continue. Aujourd’hui, je reçois la confirmation qu’il a payé la coquette avance de frais réclamée par l’office des poursuites pour procéder à la saisie de certains biens de son ennemi. C’est son droit, certes. Mais, c’est de l’argent jeté par la fenêtre.

A peu près toutes les instances judiciaires de la Comté des Zaehringen ont été jusqu’à ce jour appelées à traiter l’un ou l’autre volet du conflit. C’est dire si les magistrats sont lassés de cette guéguerre juridique , sans aucun intérêt digne de protection à la clé. L’écrasement de l’adversaire n’est pas la finalité du système, mais bien la protection de la société. Et, là, on en est loin, même si le locataire a su se rendre impopulaire auprès de la quasi-totalité de la fonction publique, ce qui n’aide pas..

Mais ils n’ont pas le choix de procéder, le bailleur utilisant toutes les voies juridiques existantes pour attaquer encore et encore. On ne voit jamais ses avocats venus de la Comté du Fendant. Ils ne se montrent guère, mais nous abreuve de l’indignation de leur client avec une absence de recul qui force presque l’admiration.

Affronter des Confrères discourtois, n’hésitant à tenter de pourrir leur adversaire (client ou avocat), ne devrait pas arriver dans un monde judiciaire idéal. C’est malheureusement une réalité, qui n’est pas la règle heureusement, ce dont on ne peut que se réjouir. Non pas que l’on craint ces trublions, ou qu’on est touché par leurs manœuvres d’intimidation. Si l’adversaire fait n’importe quoi, parfois, mieux vaut le laisser faire. Leurs démarches souvent ridicules n’échappent d’ailleurs pas aux juges et le débat judiciaire n’y gagne rien. D’ailleurs, si l’on fait la somme de leurs innombrables démarches, ils en sont le plus souvent pour leurs frais.

Mais, ce n’est pas cela qui les arrête (et c’est ce qui commence sérieusement à m’inquiéter). Même quand leurs actions inconsidérées ou mal motivées sont balayées par quelque magistrat un tant soit peu clairvoyant, le coup porte néanmoins. Chaque fois un peu plus durement. Leur adversaire est aujourd’hui groggy dans les cordes, ruminant des pensées de plus en plus sombres. Il faut que ça s’arrête, sinon ça finira mal.

La législation applicable aux avocats et à leur rapport avec le monde judiciaire interdit de paralyser le système par des requêtes inutiles ou sans substance. Si tel est la cas néanmoins, une « interdiction de postuler » peut leur être signifiée. C’est-à-dire qu’ils ne sont plus autorisé à intervenir devant les tribunaux au nom de tel ou tel client qui ne poursuivrait pas un but défendable, ce que l’annihilation pure et simple d’une personne n’est pas.

Aujourd’hui, un pic est atteint, dans ce qui peut encore être considéré comme admissible. Toute nouvelle démarche de l’ex-bailleur et de ses conseils serait inutile et injustifiable. Il faudrait encore que l’autorité de surveillance ait le courage de stopper ce qui apparaît indéniablement comme une entreprise délibérée de démolition.

Le 22…

… où tout fout l’camp. On ne peut plus compter sur rien ni personne et surtout pas la police.

Il pleut à verse cet après-midi. Les rues sont quasi vides. A peine quelques parapluies malmenés par le vent dans les rues, qui renforcent ce sentiment de ne surtout pas sortir de la FaireCave pour aller changer le disque de stationnement.

De toute façon, avec un temps pareil, pas un sergent de ville ne mettrait le nez dehors pour traquer et verbaliser l’automobiliste squatteur.

Eh bien non ! Quand, en fin d’après-midi, je regagne la FaireMobile, sous une pluie toujours battante, je m’assied au volant et met le contact. L’essuie-glace balaie devant mes yeux une jolie prune, cadeau d’un pandore insensible à la météo.

Tout fout l’camp, j’vous dis.

Le 23…

… où la situation est étrange.

Il est assez courant d’être confronté à des signes d’antipathie manifeste de la part du client de notre Confrère. Je dis « client » pas simplement par simplification grammaticale en utilisant la forme masculine. Une hostilité appuyée pour le conseil adverse (qui permet souvent de canaliser sa colère sur un souffre-douleur désigné) est plus courante chez les hommes. C’est classique, statistique, clinique même…

Mais là, c’est manifestement autre chose. L’homme – puisque c’en est un ! – affiche non seulement son mépris absolu pour ma personne. Mais il n’en pense pas moins de son propre avocat, coupable à ses yeux d’avoir dû être engagé par lui, contraint et forcé, puisque son épouse a décidé de prendre un avocat. Il a donc dû aussi en prendre un qui n’est là, tout comme votre serviteur, que pour lui piquer son fric (sic). Il ne se prive pas de nous le répéter d’ailleurs.

La discussion s’annonce donc difficile, vu ce postulat de départ.

Et c’est là, au fil d’une discussion hachée par les éclats aussi inutiles qu’inappropriés de cet individu, que la réalité se dessine vraiment. Ce n’est pas seulement la robe qui le dérange, mais le système judiciaire tout entier. Ce n’est pas à la Justice de régler ses affaires ni les modalités de son divorce !

Voilà, cet étrange personnage, doté sans conteste d’une intelligence au-delà de la norme, ne supporte tout simplement pas que quelqu’un lui dicte sa conduite (ce qui n’est ni le rôle ni la fonction de l’avocat, qu’il perçoit malheureusement ainsi) ou lui indique les règles, leurs fonctions et leurs limites (là, c’est la mission du conseil juridique).

De tels personnages permettent de comprendre pourquoi il y a encore des guerres…

Sans surprise, l’embryon d’accord vers une solution pacifique accepté du bout des lèvres sur le pas de la porte de la salle de conférence vole en éclats quelques heures plus tard. Il a renvoyé son avocat, obligé son épouse à faire de même avec votre serviteur, sinon elle s’en mordra les doigts. Il fera tout, tout seul, selon son bon vouloir.

Voilà…

PS : aucun moyen de passer outre une résiliation de mandat signifiée par un client majeure et a priori en pleine possession de ses moyens, même si on est convaincu qu’il n’est pas libre dans cette décision. Je me fais néanmoins du souci pour Madame…

Le 25…

… où on lit la chronique judiciaire glaçante d’Olivia Dufour décrivant le déroulement quasi minute par minute d’un attentat terroriste doublé d’une prise d’otage et qui se conclut par la mort d’un policier ayant délibérément pris le risque de s’exposer pour sauver des vies.

Extrait :

S’ensuit une longue négociation entre le gendarme et le terroriste. D’abord à couvert,  Arnaud Beltrame décide de se présenter face au terroriste, « cette dame n’a rien fait, elle n’y est pour rien » dit-il à Radouane « et les enfants et les femmes, ils ont fait quelque chose en Syrie ? Venez si vous êtes prêt à mourir pour la France ! » le défie-t-il. Face au terroriste de plus en plus agressif, Arnaud Beltrame se découvre. « Je ne voulais pas la tuer, mais le premier qui bouge, je tire ! Je suis là pour mourir en martyr, je suis un combattant de l’état islamique ».

« Personne ne bouge ! », intime Arnaud Beltrame. Puis il reprend la négociation.

« — C’est une civile, elle n’a rien fait,

—Je suis un mercenaire, je vais aller au face-à-face. Faites-moi sortir tous ces comiques.

—Je suis d’accord, je les fais sortir, mais vous me prenez en otage à la place de la dame.

—Et après vous allez faire quoi ?

—On va discuter, vous passez un message et on le fait passer au gouvernement ».

Arnaud Beltrame ôte son ceinturon, son gilet, retire le chargeur de son arme. Radouane Lakdim exige qu’il retourne le chercher. Julie Grand a de plus en plus peur.  « Attention tu trembles, attention » dit-elle à Radouane Lakdim, terrorisée à l’idée d’un tir accidentel. Arnaud Beltrame désarmé, mains en l’air poursuit sa négociation : « — Laisse la dame, j’ai votre parole de combattant,

—Tu as ma parole ».

Julie Grand sort de l’enfer à 11 h 32.

(…)

Jusqu’ici nous avons été épargné de récits comme ceux parus dans le Monde (photo). Même si le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone a traité quelques cas de « terrorisme » au sens large, nos tribunaux n’ont pas eu jusqu’à présent à entendre de tels enregistrements. Nos Juges n’ont pas été confrontés à l’exécution froide et délibérée de citoyens lambdas qui vaquaient à leurs occupations et devoir y apporter une réponse juridique cohérente et compréhensible pour les justiciables.

Pour combien de temps encore ? Lavrov l’a clairement lancé cette semaine à la figure du brave Ignazio qui se présentait avec la mine du bon Samaritain. L’Helvétie n’est plus neutre. Avons-nous même sincèrement l’illusion qu’elle l’a vraiment été un jour ?