Torpedo… Los
05/09/2014 § Poster un commentaire
Extrait du Journal de faire, jeudi 8 mai 2014
Le 8…
… où, une nouvelle fois, l’adage selon lequel le client est décidément le pire ennemi de son avocat se vérifie.
Mon père de famille musulman traditionaliste se retrouve maintenant (c’est la procédure) devant le Juge du TMC (Tribunal des mesures de contraintes) qui doit décider de sa mise en détention pour risques de collusion et de passage à l’acte ou sa libération. Le MP demande un mois de détention préventive, le temps de faire une expertise et les confrontations.
Je plaide le parcours exempt de toute condamnation en Suisse, l’énervement compréhensible de mon client qui découvre que sa fille lui a caché son mariage avec un pro-djihad, et demande sa mise en liberté, moyennant quelques mesures de contrôle judiciaire. En conclusion : « ce serait tout de même triste que mon client doive passer son 60è anniversaire en prison« .
Et ça marche. Le Juge (qui avait commencé par m’engueuler parce que j’étais soit-disant en retard !) se frotte le menton. Bon, Monsieur, votre avocat a raison. Beaucoup d’accusations formulées par votre fille et votre gendre doivent encore être vérifiées et le reste ne justifie pas un maintien en détention. A part les menaces…
Monsieur, vous devez vous présentez demain à l’expert psychiatre désigné. Si je vous remets en liberté aujourd’hui, vous me promettez d’y aller ?
Pas de problème, Missieu li Juge, mon avocat y donne l’adresse et j’y vais.
Bon, alors ça va. Et il va s’en dire que vous laissez votre fille et son mari tranquille. Vous ne vous approchez pas d’eux.
Bien sur, j’ai compris, je laisse eux loin de moi !
Ok, alors c’est en ordre.
(petit soupir de ma part, tout va bien… et là, alors qu’on ne lui demande plus rien, mon client appuie sur le bouton « Das Boot » Torpedo… Los et lâche :
Bien sir, j’y peux pas promettre pour toute la famille en Suisse…
Le Juge lève un sourcil (dans ma tête, bruit d’explosion, la torpille vient de frapper sous la ligne de flottaison, le bateau sombre).
Là Monsieur, vous me faites peur, je ne peux pas prendre le risque que vous ameutiez les cousins, les oncles ou qui sais-je encore, et que cela se termine en vendetta. Désolé, mais je vais vous garder encore quelques jours, le temps d’avoir l’expertise et d’organiser les confrontations…
Mon client vient de comprendre ce qu’il a fait et fond en larmes (soupir)
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