Espèce d’Extrême droite que tu es !

11/02/2016 § 2 Commentaires

Extrait du Journal @MeFaire du 31 Octobre 2016, où l’on apprend sur le site du Matin que le terme « extrême droite » peut avoir un caractère diffamatoire en Suisse.

En effet, un journaliste du canard gratuit alémanique 20 Minuten a été reconnu coupable de diffamation pour avoir écrit que les T-shirts d’un groupe de rock italien feraient le bonheur des personnes ayant une opinion politique très marquée à droite.

Selon la définition du Code pénal (art. 173 CP), se rend coupable de diffamation celui qui, en s’adressant à un tiers, aura accusé une personne ou jeté sur elle le soupçon de tenir une conduite contraire à l’honneur, ou de tout autre fait propre à porter atteinte à sa considération, sera, sur plainte, punis d’une peine pécuniaire 180 jours-amende au plus (al. 1). Précisons que l’inculpé échappera à la peine s’il prouve que ses allégations sont conformes à la vérité ou qu’il avait de sérieuses raisons de les tenir de bonne foi pour exactes (al. 2)

Selon une juge du Tribunal de district de Zurich, qui s’est rangée à l’opinion du Ministère public, lequel demandait une peine de 45 jours-amende, le qualificatif d’« extrême droite » remplit les conditions de cette disposition. De plus, la magistrate a donc également considéré que le pigiste avait utilisé délibérément ce terme, puisqu’elle a également – au moins implicitement – considéré qu’il n’avait aucune raison de tenir de bonne foi pour vrai son appréciation du style musical de ce groupe de métalleux transalpins.

On apprend encore que la défense avait plaidé l’acquittement et que l’éditeur envisage de recourir, ce qui semble assez normal, pour les raisons suivantes.

Sans entrer dans des considérations sémantiques trop poussées, si l’extrême droit a une connotation négative auprès de la majorité de la population, force est de constater que ce terme n’a rien d’injurieux en soi. Il qualifie simplement un courant et une pensée politiques véhiculant des valeurs partagées par une frange (minoritaire) de la population. Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que la diffamation (en Helvétie du moins), ce n’est pas de le fait de traiter de noms d’oiseaux la personne objet de sa critique. C’est d’avoir eu la volonté de propager auprès du bon peuple l’idée qu’elle a un comportement contraire au sentiment que tout un chacun se fait d’une personne honorable ou qui est de nature à porter atteinte à sa considération publique. Tout ça histoire qu’on la montre du doigt dans la rue et qu’elle soit victime de la vindicte populaire.

Même si l’on entrevoit les contours du raisonnement de la juge zurichoise, on sent les limites ou plutôt les dérapages possibles d’une telle appréciation, si cette jurisprudence venait à être confirmée. Cela signifierait, si l’on reste strictement sur le terrain des opinions politiques, que, si à l’inverse, on qualifierait une personne d’avoir des velléités de militant d’extrême-gauche, ou qu’on le traite simplement de « socialiste pur sucre », voire même de « gauche caviar », cela pourrait finalement s’avérer une infraction, si on avait eu, quelque part, dans l’idée de dire du mal de cette personne, en espérant que nos propos soient relayés par d’autres, juste pour le plaisir de stigmatiser la gauche, que ce soient de simples sympathisants ou des personnes engagées. Et ce qui vaudra pour les extrémistes est susceptible de se répercuter sur le PDC, le PLR, les Verts, etc…

Dans tous les cas, si ce jugement venait à être confirmé, la liberté de la presse verrait ses frontières reculer drastiquement. Parce que, à partir de là, l’opinion d’un journaliste sur un sujet quelconque, mettant en scène des personnes déterminées, ce qui est somme toute son travail, pourrait lui valoir des ennuis judiciaires, si l’on venait à considérer qu’il a voulu accuser quelqu’un de tenir une conduite contraire non pas à une idée du Bien partagé par tout un chacun, mais à un courant de pensée plus ou moins répandue dans la population et qui pourrait être mal perçu par d’autres.

Et je ne vous dit pas le sort qui attend les braves et intrépides blogueurs que nous sommes…

§ 2 réponses à Espèce d’Extrême droite que tu es !

  • Paolo Ghidoni dit :

    bravo

    Vu que l’on parle de politique, il faut savoir que le parti qui distribue de crayons à papier est le centre gauche (ils ont bonne mine ?), les radicaux distribuent des chocolats bleus, au-dessus desquels est collé la photo du candidat UDC Perry ?

    Les PDC distribuent des petits carrés d’ovomaltine orange, sans photo du tout. Peut-être est-ce parce que les Suisses associent l’ovomaltine à Pirmin Zurbrigen.

    Si je devais suivre mon estomac en politique, je voterais socialiste parce qu’ils distribuent des cuchaules à la gare et que leurs cuchaules étaient bien meilleures que les croissants farineux des Verts. Le Parti des artistes vend des crèpes.

    Et que l’on ne vienne pas me dire que tout ça c’est de la cuisine électorale

    Bonne soirée.

    Pigi

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  • La liberté d’expression devient une notion théorique … Elle fond comme neige au soleil. J’espère qu’ensuite ce journaliste s’adressera à la CEDH. Courage à lui. Meilleures salutations. Michèle Herzog

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